Des pompes de carburant, dans une station-essence de Nice, le 12 octobre. / ERIC GAILLARD / REUTERS

Les initiatives pour protester contre la hausse du prix du carburant se multiplient. Alors que des appels au blocage des routes pour le 17 novembre émergent sur les réseaux sociaux, une pétition réclamant une baisse des prix à la pompe a été lancée sur Change.org. Créée dimanche 21 octobre par Priscilla Ludosky, une automobiliste en colère, l’appel a depuis recueilli plus de 210 000 signatures.

« Quand j’ai vu mon plein passer de 45 à 70 euros, j’ai cherché à savoir de quoi était composé ce prix. Je me suis rendu compte que le gouvernement pouvait agir en baissant les taxes. C’est donc ce que je lui demande », déclare la jeune femme de 32 ans à l’origine de la pétition, interrogée par Le Parisien.

En un an, les prix à la pompe ont grimpé de 23 % pour le diesel et de 14 % pour l’essence. Le prix moyen d’un litre de sans-plomb 95 à la pompe s’élevait la semaine dernière à 1,55 euro, à peine plus que celui du gazole, à 1,52 euro, selon le ministère de la transition écologique et solidaire.

Nouvelles hausses prévues

Les prix de l’or noir se sont en effet redressés cette année, passant de 65 dollars début janvier pour le baril de brent de la mer du Nord à 86 dollars début octobre, avant de refluer autour des 75 dollars actuellement.

La hausse du prix des carburants s’explique aussi par la taxation qui s’est alourdie, surtout pour le diesel depuis le 1er janvier. Les taxes sur le gazole ont ainsi augmenté de 7,60 centimes par litre au total, avec notamment la contribution climat énergie (« taxe carbone »). Pour l’essence, l’augmentation a été de 3,90 centimes par litre.

Cette politique devrait être renforcée en 2019, avec des hausses de 6 centimes pour le diesel et 3 centimes pour l’essence, puis à nouveau jusqu’en 2022, l’objectif étant de rendre l’essence moins onéreuse que le diesel, jugé plus polluant.

« Nous assumons »

Sur ce sujet sensible, à l’heure où l’exécutif est englué depuis plusieurs mois dans une polémique sur le pouvoir d’achat, plusieurs membres de l’opposition ont dénoncé à l’unisson ces hausses cette semaine.

Lundi, l’ancienne ministre socialiste de l’environnement, Ségolène Royal, a affirmé que le gouvernement cherchait « à justifier un matraquage fiscal par l’écologie ». Un constat partagé par le président du groupe les Républicains à l’Assemblée, Christian Jacob, qui estimait jeudi sur Europe 1 que ces « taxations punitives » servaient principalement à « faire marcher la pompe à fric » pour le gouvernement.

Plusieurs membres du gouvernement tentaient jeudi de désamorcer le mécontentement croissant des Français. « Je ne nie pas le fait que ce soit difficile pour certains Français qu’on augmente la fiscalité sur le gazole. Mais nous avons 3,8 milliards d’euros de dispositifs d’aide pour accompagner ces Français dans la transition écologique », a défendu la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, Brune Poirson, au micro de Sud Radio.

« Nous assumons de mener une politique de transformation de l’énergie (…) en ayant annoncé la couleur avant puisque [la hausse de la fiscalité] a été votée dans le budget l’année dernière, avec une trajectoire pour cinq ans », a pour sa part insisté le ministre de la transition écologique François de Rugy, interpellé au Sénat lors des questions au gouvernement.

La ministre des transports, Elisabeth Borne, invitée de Radio Classique, a souligné pour sa part que la hausse des carburants était « en grande partie liée à l’évolution des cours mondiaux du pétrole ».