Le chiffre d’affaires de Tesla a été multiplié par plus de deux, à 6,82 milliards de dollars, nettement au-dessus des attentes des analystes financiers. / Lucy Nicholson / REUTERS

Tesla a annoncé mercredi 24 octobre son premier bénéfice en deux ans, clôturant sur une note positive un troisième trimestre noir marqué par une enquête pour « fraude » contre Elon Musk, son emblématique PDG, dont le comportement fantasque déroute les investisseurs.

Le constructeur de véhicules électriques a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 311,5 millions de dollars, grâce aux ventes de sa voiture électrique d’entrée de gamme, le Model 3, dont les volumes de production et de livraison ont fortement augmenté. Cette voiture, dont seule la gamme haute est actuellement commercialisée aux Etats-Unis en attendant la gamme intermédiaire, est censée transformer Tesla en producteur de masse.

A Wall Street, le titre gagnait 11,37 % vers 22 h 30 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. Tesla, qui a avancé d’une semaine la publication de ses résultats, avait essuyé une perte de 619,38 millions de dollars au troisième trimestre 2017. Il avait dégagé son dernier bénéfice au troisième trimestre 2016, de l’ordre de 22 millions de dollars.

Pari tenu

C’est un trimestre « vraiment historique », se sont enthousiasmés M. Musk et Deepak Ahuja, le directeur financier, dans une lettre aux investisseurs. « C’est la rédemption d’Elon Musk », a réagi Jeremy Acevedo, analyste au cabinet spécialisé Edmunds.com, rappelant que l’entrepreneur était en passe de gagner son pari de transformer le secteur automobile à coups de technologies électriques et autonomes.

Si M. Musk avait promis que le groupe, qui brûle beaucoup d’argent, allait être rentable dans la seconde moitié de l’année, les milieux financiers penchaient plutôt pour le quatrième trimestre.

Mais le constructeur de véhicules électriques a accéléré la production du Model 3, dont il a livré 55 840 exemplaires Model 3s, le modèle haut de gamme de ce véhicule, ce qui représente environ 3 milliards de dollars de revenus. Il en a produit 5 300 unités lors de la dernière semaine de septembre, ce qui est en ligne avec son objectif.

Fin d’une série noire

Le Model 3 est devenu la 5e voiture particulière la plus vendue aux Etats-Unis au troisième trimestre selon Edmunds.com, et sa marge a atteint 20 % alors que Tesla visait seulement 15 %.

Le groupe californien, qui vend également des panneaux solaires depuis le rachat de SolarCity, a en outre terminé le trimestre avec une trésorerie positive de 881 millions de dollars, contre – 740 millions au deuxième trimestre, et disposait de 3 milliards de dollars en main contre 2,2 milliards à fin juin. Ces données sont de nature à apaiser les craintes des investisseurs, qui craignaient que Tesla ne doive encore s’endetter auprès des marchés pour financer ses opérations.

Pour Elon Musk, cette performance clôt une parenthèse difficile au cours de laquelle ses capacités de patron ont été remises en question. Il a notamment été accusé de « fraude » par le gendarme de la Bourse, la SEC, après un tweet du 7 août dans lequel il affirmait, sans en apporter les preuves, disposer des fonds pour retirer Tesla de la cote.

L’enquête du régulateur s’est soldée par un accord à l’amiable selon lequel M. Musk a renoncé à la présidence du conseil d’administration de l’entreprise qu’il a co-fondée. Il s’est aussi acquitté d’une amende.

Outre cette affaire, les milieux financiers dans leur ensemble ont été décontenancés par la colère de M. Musk contre les analystes financiers et l’apparition du chef d’entreprise dans une émission au cours de laquelle, entre deux questions, il sirotait un verre de whisky et avait tiré sur un joint que l’animateur lui proposait.

Quid de la Chine ?

M. Musk a enregistré une première victoire mardi lorsque le fonds Citron, qui avait spéculé sur l’effondrement boursier de Tesla, a fait volte-face en admettant s’être trompé.

« Nous pouvons dire pour la première fois que Citron croit en Tesla car le Model 3 est un modèle qui a fait ses preuves », alors que les voitures annoncées par les autres constructeurs automobiles peinent encore à voir le jour, a justifié Citron. « Tesla anéantit la concurrence », concluait son patron Andrew Left.

« Tesla n’est pas complètement tiré d’affaire », fait toutefois remarquer Jeremy Acevedo, qui explique que les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump pourraient contrecarrer les projets de croissance du groupe à l’international, notamment en Chine.