« L’incapacité d’une nation à respecter les normes internationales et l’état de droit nuit à la stabilité régionale à un moment où elle est le plus nécessaire », a décalré James Mattis, samedi 27 octobre, à Manama. / HAMAD I MOHAMMED / REUTERS

Le secrétaire américain à la défense, Jim Mattis, a adressé un rappel à l’ordre à peine voilé à l’Arabie saoudite. « En gardant à l’esprit nos intérêts collectifs pour la paix et pour le respect inconditionnel des droits de l’homme, le meurtre de Jamal Khashoggi dans une enceinte diplomatique doit tous nous concerner », a-t-il dit lors d’une intervention devant les dirigeants arabes participant au Dialogue de Manama, la capitale du Bahreïn, lors de cette conférence annuelle sur la sécurité organisée dans la région. « L’incapacité d’une nation à respecter les normes internationales et l’état de droit nuit à la stabilité régionale à un moment où elle est le plus nécessaire », a poursuivi le chef du Pentagone.

Il n’a pas accusé directement l’Arabie saoudite et n’a pas fait référence aux appels des membres du Congrès à réduire les ventes d’armes ou à imposer des sanctions sur le royaume. L’Arabie saoudite reste un allié stratégique des Etats-Unis face à l’influence croissante de l’Iran au Moyen-Orient, mais la crise provoquée par la mort de Khashoggi a tendu les relations entre Ryad et les Occidentaux.

Jim Mattis a par ailleurs estimé qu’il était important de tourner la page de la querelle diplomatique qui oppose depuis seize mois l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte au Qatar, accusé de sympathies pro-iraniennes et de soutien au terrorisme. « La résolution des débats internes parmi notre partenaire du Conseil de coopération du Golfe est vitale (…) A défaut, nous affaiblirons notre sécurité », a-t-il dit.

Affaire Jamal Khashoggi : comment l'Arabie saoudite a fini par reconnaître sa responsabilité
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Avertissement à Moscou

M. Mattis a tenu à rappeler aux pays arabes que les Etats-Unis restent un « partenaire de choix, car ils sont engagés à long terme ». La Russie qui assoit son influence en Syrie grâce à ses victoires militaires au bénéfice du régime de Bachar Al-Assad, « ne pas remplacer les Etats-Unis » au Proche-Orient, a-t-il encore déclaré.

« L’opportunisme de la Russie et son empressement à ignorer les activités criminelles d’Assad à l’encontre de son propre peuple prouvent son manque d’engagement sincère envers les principes moraux les plus basiques ».

La question syrienne en toile de fond

Un sommet inédit sur la Syrie doit réunir samedi à Istanbul les dirigeants turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron et allemande Angela Merkel.

Il portera notamment, selon la présidence turque sur la situation à Idleb, dernier grand bastion de l’opposition en Syrie et sur « le processus politique » censé aboutir à un règlement au conflit qui ravage le pays depuis 2011.