Cinq étoiles pour Lewis Hamilton. A 33 ans, le pilote britannique de l’écurie Mercedes, 4e du Grand Prix du Mexique – remporté par le Néerlandais Max Verstappen – qui se courait dimanche 28 octobre à Mexico, a été sacré champion du monde des pilotes de Formule 1 pour la cinquième fois – après 2008, 2014, 2015 et 2017.

En dépit de sa seconde place à Mexico, le pilote Ferrari Sebastian Vettel, dauphin d’Hamilton ne peut plus, mathématiquement, rattraper le pilote britannique au cours des deux dernières courses de la saison, puisqu’un maximum de 25 points est attribué au vainqueur.

Lewis Hamilton rejoint ainsi dans l’histoire de la F1 le mythique pilote argentin Juan-Manuel Fangio (1951, 1954, 1955, 1956, 1957). Seul l’Allemand Michael Schumacher a fait mieux, avec sept titres mondiaux (1994, 1995 et de 2000 à 2004).

Doutes au printemps

Contrairement à ce que les statistiques peuvent laisser penser – début octobre, au Japon, il affichait six victoires en sept courses – l’année 2018 n’a pas été une (aussi) simple formalité pour le Britannique. Son entame de la saison a notamment été un peu compliquée. Mi-avril, il connaît un petit « coup de mou ». L’heure est au doute. Sebastian Vettel, l’autre quadruple champion du plateau, vient de gagner deux Grand Prix sur trois et mène le championnat aux manettes d’une Ferrari performante. On dit le champion de Mercedes démotivé, la tête ailleurs.

Ce que Toto Wolff, patron de l’écurie Mercedes, dément, à sa façon. « On oscille entre l’exubérance et la déprime. (…) Quand les choses ne vont pas dans la bonne direction, c’est la fin du monde, et quand on gagne deux courses de suite, c’est la domination totale de Mercedes qui détruit la F1. Peut-être qu’il y a un juste milieu, déclare-t-il juste après le Grand Prix de Shanghaï, le 15 avril. Il y a eu trois courses que nous n’avons pas pu gagner, c’est un fait. Mais je vois toujours la flamme et le désir de gagner chez Lewis. »

Mais entre le Grand Prix de Monaco, fin mai, et celui de Grande-Bretagne, début juillet, soit cinq courses, Hamilton n’en gagne qu’une et enregistre un abandon. Après le Grand Prix de Silverstone, il est devancé par Vettel au classement des pilotes.

« Un phénomène »

Toto Wolff connaît bien son poulain, depuis qu’il a rejoint son équipe en 2012. Il a immédiatement intégré sa différence. Seul noir de l’élite du sport automobile, originaire d’une famille de classe moyenne. Lewis Hamilton est né le 7 janvier 1985 à Stevenage dans le Hertfordshire, au nord de Londres, d’un père noir, Anthony, originaire de Grenade, et d’une mère anglaise, Carmen.

Ses parents séparés alors qu’il n’a que 2 ans, l’enfant a vécu chez sa mère jusqu’à ce qu’il commence à piloter un kart, à 6 ans. Il passe alors sous l’aile du père, qui fait aussi office d’entraîneur, mécanicien, manager. « L’homme qui a rendu cela possible », dira-t-il plus tard, adulte. L’enfant, lui, enchaîne les victoires en kart. A 9 ans, il se plante devant Ron Dennis, patron de l’écurie McLaren et lui déclare vouloir piloter une F1. Détecteur de talents, l’homme d’affaires britannique décide de financer sa carrière, jusqu’à ce qu’il rejoigne la filière jeune McLaren-Mercedes en 1997, puis à ses débuts en monoplace (champion britannique de F3 en 2003, champion F3 Euro-séries en 2005).

Consécration en 2007, Lewis Hamilton intègre l’élite, l’écurie McLaren Mercedes, au côté du champion espagnol Fernando Alonso. Le rooky – débutant – finit la saison au deuxième rang mondial, derrière Kimi Räikkönen. Il décroche son premier titre mondial l’année suivante, en 2008. Lionel Froissart, dans sa biographie Dans la roue de Lewis Hamilton (Calmann-Lévy, 2008), parle de « l’éclosion d’un phénomène ».

Double vie épuisante

Cette éclosion a un prix pour le jeune homme : « J’ai été privé de la possibilité de grandir normalement, déclare-t-il dans le magazine australien Men’s Healthy du 16 mai 2017. Je ne sortais pas avec des amis, j’étais toujours concentré sur la course, toujours sérieux. » Cette éclosion nécessite aussi de l’air, ce qui passe par la séparation professionnelle d’avec son père – à partir de 2010, la société de Simon Fuller sera son manager – et d’avec Ron Dennis, puisqu’il quitte McLaren en 2012.

Au printemps cette année, et avant l’été, Lewis Hamilton cherche aussi de l’air ailleurs : il ne sacrifie plus tout à la Formule 1 – c’est inédit ! S’il « travaille beaucoup », il « s’amuse beaucoup » également. Un look de rock star, de multiples et lourds colliers en or autour du cou, des bracelets, un diamant dans le nez, deux bouledogues, un jet privé rouge… Lewis Hamilton excentrique est un créatif brimé.

Dessinateur lorsqu’il était adolescent, musicien en 2017 (il a travaillé avec les chanteurs Drake ou Frank Ocean), il se lance dans la mode et crée sa ligne de vêtements pour la marque américaine Tommy Hilfiger. Très investi, il dessine, discute… jusqu’à présenter son défilé à Shanghaï début septembre. Une double vie épuisante. Le quotidien britannique The Sun a fait les comptes avant le Grand Prix de Singapour, début septembre : en dix jours, Lewis Hamilton a parcouru 40 000 km et passé 53 heures en avion.

Les erreurs de Sebastian Vettel

Toto Wolff « gère », mais s’inquiète. Jusqu’à la victoire de son protégé, au bout de l’épuisement, à Singapour le 16 septembre. Ce qui fait dire au manager autrichien de Mercedes : « Depuis six ans, j’ai entendu des gens me demander comment je pouvais autoriser Lewis à voler autour du monde. Vous savez quoi ? Il l’a fait de la manière la plus extrême lors des dix derniers jours. (…) Et il a finalement tout déchiré ici. (…) Il sait ce qui est bon pour lui. »

De fait, depuis le Grand Prix d’Allemagne le 22 juillet à Hockenheim, et en dépit d’une saison conduite « à la limite », Lewis Hamilton et sa Mercedes ont tout raflé, ou presque : seul le tracé de Spa, fin août en Belgique, a permis à Vettel de briller ; et Kimi Räikkönen a réussi à s’imposer à Austin le 21 octobre.

Pour asseoir sa domination, Lewis Hamilton aura aussi pu compter sur un petit coup de pouce de son manager. A Sotchi, le 30 septembre, pour assurer le futur titre du Britannique, Toto Wolff a ordonné à son deuxième pilote, Valtteri Bottas, de laisser passer son coéquipier. Une consigne de course très prudente à six courses de la fin du championnat.

Plus encore, Lewis Hamilton aura surtout bénéficié, pendant une bonne deuxième moitié de la saison des erreurs de son rival, Sebastian Vettel. Le pilote Ferrari a débuté sa « série » en Azerbaïdjan, fin avril, avec un dépassement raté, qui a offert, temporairement, la tête du championnat à Lewis Hamilton.

S’en suivent, entre autres, une sortie de piste sous la pluie en Allemagne, qui le contraint à l’abandon alors qu’il avait course gagnée, le 22 juillet, ou encore un tamponnage de la Red Bull de Max Verstappen à Suzuka (Japon) le 7 octobre. Enfin, lors du Grand Prix d’Austin, le 21 octobre, une faute lors des qualifications rétrograde l’Allemand de trois places sur la grille de départ, avant qu’il ne parte en tête-à-queue dès le premier tour, ce qui lui fait perdre cinq places.

Lewis Hamilton n’en demandait pas tant. Fangio dans le rétro, le record de Michaël Schumacher se profile à l’horizon. La bride large, Lewis Hamilton a re-signé pour deux ans, le 19 juillet, avec Mercedes. Cinq plus deux égale sept ?

F1 : le calendrier 2019 validé

Validé le 12 octobre, le calendrier 2019 de Formule 1 comportera vingt et une courses, comme en 2018. La saison débutera une semaine plus tôt, le 17 mars en Australie, et finira une semaine plus tard, le 1er décembre à Abou Dhabi. Cela évitera de courir trois courses en trois semaines, comme expérimenté en juin (France, Autriche, Grande-Bretagne), une solution qui avait été rejetée par les écuries.

17 mars : Australie (Melbourne).
31 mars : Bahreïn (Sakhir).
14 avril : Chine (Shanghaï).
28 avril : Azerbaïdjan (Bakou).
12 mai : Espagne (Barcelone).
26 mai : Monaco.
9 juin : Canada (Montréal).
23 juin : France (Le Castellet).
30 juin : Autriche (Spielberg).
14 juillet : Grande-Bretagne (Silverstone).
28 juillet : Allemagne (Hockenheim).
4 août : Hongrie (Budapest).
1er septembre : Belgique (Spa-Francorchamps).
8 septembre : Italie (Monza).
22 septembre : Singapour.
29 septembre : Russie (Sotchi).
13 octobre : Japon (Suzuka).
27 octobre : Mexique (Mexico).
3 novembre : Etats-Unis (Austin).
17 novembre : Brésil (Sao Paulo).
1er décembre : Abou Dhabi (Yas Marina).