Des partisans de Jair Bolsonaro fêtent la victoire dans les rues de Sao Paulo, dimanche 28 octobre au soir. / NACHO DOCE / REUTERS

Le plébiscite a été réel dans les urnes brésiliennes : le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu président dimanche 28 octobre, avec 55,13 % des voix, contre 44,87 % pour son adversaire de gauche Fernando Haddad. Le gouvernement de Jair Bolsonaro va « changer le modèle économique du pays » grâce à un grand programme de privatisations et plus de contrôle des dépenses publiques, a affirmé Paulo Guedes, annoncé comme le futur ministre des finances.

  • Une opposition silencieuse au Brésil

S’abstenant de féliciter son adversaire, Fernando Haddad, candidat de gauche malheureux au second tour de la présidentielle, a demandé que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés », après l’élection de Jair Bolsonaro, qui avait promis à ses opposants « la prison ou l’exil ». « Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant », a-t-il dit. « Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la Nation au-dessus de tout. »

Plus consciencieux, le très impopulaire président sortant Michel Temer a salué la victoire de son successeur, annonçant que la transition entre les deux gouvernements débuterait dès lundi. « Je viens de féliciter le président élu Jair Bolsonaro, j’ai pu percevoir son enthousiasme, non seulement quand il m’a parlé, mais aussi lorsqu’il a fait ses déclarations en faveur de l’unité du pays, de la pacification du pays, de l’harmonie du pays », a-t-il déclaré depuis sa résidence officielle à Brasilia.

Interrogée à l’issue du clasico OM-PSG, la star du football Neymar a affirmé qu’il espérait que « Dieu puisse utiliser [Bolsonaro] pour aider notre pays ».

En dehors des frontières brésiliennes, l’accueil a été en majorité chaleureux de la part de ses homologues d’Amérique latine, comme de Donald Trump. En revanche, les réactions européennes se faisaient toujours attendre.

  • Une pluie de félicitations en Amérique latine

Le président sortant du Mexique, Enrique Pena Nieto – qui sera remplacé par Andres Manuel Lopez Obrador le 1er décembre – a félicité le nouvel élu « au nom du gouvernement mexicain ». Pour lui, « cette journée exemplaire reflète la force démocratique » du Brésil.

Son homologue de centre droit argentin, Mauricio Macri, a congratulé Jair Bolsonaro pour son « triomphe ».

Du côté de la Colombie, le président Ivan Duque a aussi salué l’élection de Jair Bolsonaro. « Nous espérons poursuivre notre relation fraternelle afin de renforcer les liens politiques, commerciaux et cultures [entre nos pays] », a-t-il écrit sur Twitter.

Le président péruvien Martin Vizcarra a également félicité Jair Bolsonaro et lui a souhaité « un plein succès ».

Sebastian Pinera, président du Chili depuis mars, issu de la droite, a « félicité le peuple brésilien pour des élections claires et démocratiques ». « Je félicite@jairbolsonaro pour son triomphe électoral », a-t-il ajouté. Il a également invité le président élu brésilien au Chili.

Le président du Paraguay, Mario Abdo Benitez, s’est également joint au chœur des félicitations par les présidents de droite des pays voisins d’Amérique latine.

  • Le Venezuela à contre-courant

Sans surprise, le président vénézuélien Nicolas Maduro, bête noire de Jair Bolsonaro, n’a pas vanté les louanges du président élu. « Du Venezuela, nous nous engageons à défendre la bannière du socialisme bolivarien et féministe. Nous allons continuer à prendre des mesures pour contribuer à la résurrection de l’Amérique latine et des Caraïbes. Nous allons triompher ! », a-t-il publié sur Twitter.

  • Un coup de téléphone de Trump

Parfois surnommé le « Trump tropical », Jair Bolsonaro a déclaré sur Twitter quelques heures après l’annonce des résultats avoir « reçu un appel du président américain, qui l’a félicité pour cette élection historique ».

« Les deux hommes ont exprimé leur engagement fort à travailler ensemble pour améliorer la vie des habitants des Etats-Unis et du Brésil, et, en tant que leaders régionaux, des Amériques », a précisé Sarah Sanders, porte-parole de l’exécutif américain.

  • Inquiétudes de Human Rights Watch

Loin des louanges, c’est l’inquiétude qui dominait pour Human Rights Watch (HRW). L’ONG a lancé dimanche un « appel urgent » à « protéger les droits » démocratiques du Brésil après l’élection du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro à la présidence de la première puissance d’Amérique Latine.

« Le Brésil a des juges indépendants, des procureurs engagés, des journalistes courageux et une société civile vibrante », a déclaré le directeur de HRW pour les Amériques, José Miguel Vivanco. « Nous nous unirons à eux pour affronter quelque tentative que ce soit d’éroder les droits démocratiques et les institutions que le Brésil a construits dans la douleur ces trois dernières décennies. »