Un « plan d’action urgent ». C’est ce que réclament des malades de Parkinson dans une tribune publiée par Le Parisien, lundi 29 octobre. Motif de leur inquiétude : la difficulté à trouver en pharmacie le sinemet, l’un des médicaments de base dans le traitement de cette maladie qui concerne 200 000 personnes en France.

Les malades de Parkinson sont loin d’être les seuls concernés. L’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l’établissement public français d’évaluation des risques sanitaires liés aux médicaments a recensé en 2017 des signalements de rupture de stock pour 530 traitements d’intérêt thérapeutique majeur. C’est le cas pour ce qui concerne l’immucyst, utilisé dans la lutte contre le cancer de la vessie et dont la pénurie oblige certains malades à se faire retirer cet organe plutôt que de le soigner : « 600 malades ont dû se faire retirer cet organe entre 2012 et 2017 », explique l’urologue Yann Neuzillet au Parisien.

La rupture de stock qui frappe le BCG, un vaccin, pourrait quant à elle se traduire par un retour de la tuberculose chez les plus démunis. Cette situation est d’une gravité inédite, le nombre de médicaments en pénurie n’était que de 44 il y a dix ans, plus de dix fois moins qu’aujourd’hui.

Maximiser les profits

Dans ce contexte, l’ANSM pare au plus urgent mais les causes profondes du problème ne sont pas traitées. Publié le 2 octobre, un rapport sénatorial de la mission d’information sur la pénurie de médicaments et de vaccins pointait la délocalisation de la production des médicaments comme la première cause de pénurie. Guidées par les motivations financières des laboratoires pharmaceutiques, ces délocalisations mettent en péril l’indépendance sanitaire de la France. Par ailleurs, les médicaments concernés sont produits sur un nombre réduit de sites, ce qui fragilise l’approvisionnement de certains médicaments.

D’après l’ANSM, citée par le Parisien, la volonté des industriels de réduire le plus possible les stocks afin de maximiser leurs profits limite les quantités disponibles et met les laboratoires en position de vendre aux pays les plus offrants. Didier Robillard, le président de France Parkinson qui a accordé un entretien au quotidien publié lundi, dénonce la faiblesse de l’Etat face aux intérêts des laboratoires et relève l’absence de mécanisme de dissuasion en mesure de faire primer l’intérêt des malades sur les objectifs financiers de l’industrie pharmaceutique.