185 000 personnes se sont inscrites pour l’édition 2018 du « Mois sans tabac ». / Andrew Burton / AFP

La consommation de tabac recule en France avec un million de fumeurs en moins en 2017, sauf chez les femmes de 45 à 64 ans, dont la mortalité liée à la cigarette augmente, ont souligné mardi les organisateurs du « Mois sans tabac », à l’occasion du lancement de la troisième édition. Le site et le numéro d’appel – le 3989 – du Mois sans tabac ont été lancés cette année avec quelques jours d’avance, le 28 septembre, et 185 000 fumeurs se sont déjà inscrits.

Les femmes ont commencé à fumer massivement dans les années 1970, et c’est cette génération qui est aujourd’hui touchée par des maladies auparavant considérées comme exclusivement masculines : cancer du poumon, infarctus du myocarde, bronchopneumopathie chronique obstructive.

Selon l’agence Santé publique France, la consommation de tabac a reculé en France en 2017 sauf chez les femmes de 45 à 54 ans, qui comptent 30,8 % de fumeuses en 2017 (24 % pour les femmes en général) contre 21,5 % en 2000.

Or le nombre de morts attribuables au tabagisme a été multiplié par deux chez les femmes entre 2000 et 2014. Pour la même période, la mortalité par cancer du poumon a augmenté de 71 % chez les femmes alors qu’elle a diminué de 15 % chez les hommes. La hausse est particulièrement marquée chez les femmes de 55 à 64 ans. « Nous allons voir très prochainement la mortalité par cancer du poumon passer devant celle du cancer du sein », avertit le Dr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, à l’occasion du lancement du « Mois sans tabac ».

Enceintes et fumeuses

« Les femmes ont souvent peur de grossir si elles arrêtent de fumer, alors que nous savons qu’avec un bon accompagnement, on peut tout à fait ne pas grossir, c’est tout l’intérêt d’un suivi comme celui de Tabac Info Service », a souligné la ministre de la santé, Agnès Buzyn.

Les politiques de santé publique ne s’adressent pas encore spécifiquement aux femmes fumeuses, mais « l’année prochaine, la campagne contre l’alcool pendant la grossesse se doublera probablement d’une campagne contre le tabac » a indiqué François-Xavier Brouck, directeur des assurés à la Caisse nationale d’assurance-maladie.

Car même enceintes, trop de femmes fument encore : 16 % fument en fin de grossesse, soit un des taux les plus élevés d’Europe (entre 5 et 10 % en Angleterre et les pays du Nord). Le tabagisme maternel est un facteur de risque majeur pour la mère comme pour les bébés, augmentant les risques de faible poids, de naissance prématurés et de mortalité périnatale.

Sur les 30 % de femmes qui fumaient avant la grossesse en 2016, la moitié environ a arrêté avant le 3e trimestre (45,8 %) et 45 % avaient réduit leur consommation de tabac, mais sans arrêter complètement. La grossesse est pour la moitié des fumeuses l’occasion de s’arrêter mais 82 % reprennent après l’accouchement : une « occasion manquée » qui milite en faveur d’un soutien particulier des femmes même après la grossesse, dans leur intérêt comme dans celui du bébé qui sera moins exposé au tabac.

Avec 12 millions de fumeurs et 200 morts par jour, « soit un crash d’avion » quotidien, le tabac reste une cause majeure de santé publique en France, a rappelé Agnès Buzyn, qui ambitionne de parvenir à « la première génération adulte non fumeur d’ici 2032 ».

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