Un participant à la Gay Pride d’Entebbe, en Ouganda, en 2015. Comme ce pays, et la plupart des autres Etats d’Afrique de l’Est, la Tanzanie réprime l’homosexualité. / ISAAC KASAMANI / AFP

Le gouverneur de la province de Dar es-Salaam, en Tanzanie, a lancé, lundi 29 octobre, une campagne contre l’homosexualité, appelant ses administrés à dénoncer des homosexuels et promettant des arrestations dès la semaine prochaine.

« J’ai des informations faisant état de la présence de nombreux homosexuels dans notre province », qui comprend la ville de Dar es-Salaam, capitale économique du pays, a déclaré Paul Makonda lors d’une conférence de presse. « Ces homosexuels s’en vantent sur les réseaux sociaux. A partir d’aujourd’hui [lundi] jusqu’à dimanche, donnez-moi leurs noms », a-t-il demandé à ses administrés.

« Mon équipe ad hoc commencera à mettre la main sur eux lundi prochain [5 novembre] », a promis le gouverneur, membre du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), et proche du président John Magufuli, également connu pour son hostilité envers les gays et les lesbiennes.

Prison à perpétuité

« Je sais que lorsque je dénonce l’homosexualité il y a des pays qui sont fâchés contre moi. Mais je préfère courroucer ces pays que courroucer Dieu », a-t-il poursuivi. Chrétien, M. Makonda a exhorté ses concitoyens à soutenir sa campagne contre l’homosexualité qui, selon lui, « foule au pied les valeurs morales des Tanzaniens et de nos deux religions chrétienne et musulmane ».

L’homosexualité constitue un crime en Tanzanie, puni d’une peine d’au moins trente ans et pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité. Elle n’est pas tolérée dans la société, ce qui contraint les gays et les lesbiennes à vivre cachés. Mais ce n’est véritablement que depuis l’élection du président Magufuli, en octobre 2015, qu’une rhétorique officielle dénonçant l’homosexualité, aussi bien masculine que féminine, s’est développée.

En juin 2017, le chef de l’Etat avait affirmé que « même les vaches » réprouvent les pratiques homosexuelles. Quelques jours plus tard, le gouvernement avait menacé d’arrêter tous les défenseurs des homosexuels et promis d’expulser les étrangers qui militeraient pour leurs droits. Il avait mis cette menace à exécution en octobre 2017 en renvoyant dans leur pays d’origine trois Sud-Africains accusés de « promouvoir » le mariage homosexuel.

Avant cela, en février 2017, le gouvernement avait annoncé son intention de « publier une liste de gays qui vendent leur corps sur Internet » avant de faire volte-face, officiellement pour « des raisons techniques » et par souci de préserver les preuves à charge.

Et quelques jours plus tôt, il avait ordonné la fermeture de centres de santé spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés de promouvoir l’homosexualité, une décision critiquée notamment par les Etats-Unis.