Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon (Ensal) / Camster/Wikicommons/CC by 3.0

Architecte ou ingénieur ? Entre ces deux métiers, le cœur de Vincent Di Natale a balancé jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il n’aurait pas à trancher. Admissible à l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (ENTPE), il découvre qu’elle propose un double cursus ingénieur-architecte avec l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon (Ensal), toutes deux situées à Vaulx-en-Velin, près de Lyon (Rhône).

Comme trente autres élèves ingénieurs ayant intégré l’ENTPE, l’INSA Lyon ou l’Ecole centrale de Lyon, Vincent Di Natale a suivi 450 heures d’enseignements spécifiques (cours de projets architecturaux et culture générale), en parallèle de ses études d’ingénieur. Un passage obligé pour intégrer l’Ensal après son diplôme d’ingénieur. A l’issue de cinq ans d’études post-bac, l’ingénieur diplômé de 23 ans entame son master d’architecture. Son objectif pour 2020 : décrocher un diplôme d’Etat d’architecte. Il devrait alors être titulaire de deux diplômes, acquis en sept ans d’études post-bac, contre dix ans s’il avait dû préparer l’un puis l’autre.

Un métier à inventer

Quel avenir pour cet ingénieur-architecte ? « Les doubles diplômés peuvent postuler comme ingénieur ou architecte, en fonction des opportunités, ou pratiquer alternativement l’un et l’autre, dans les grosses agences d’architecture ayant aussi un bureau d’études », observe Christelle Gress, ingénieure de formation et responsable de la spécialité architecture à l’INSA Strasbourg. Elle admet cependant que « le démarrage peut être difficile. Ils ont deux diplômes, deux métiers, mais pas deux salaires. Ensuite, ils progressent plus vite et sont souvent tentés après quelques années d’inventer leur métier en créant leur propre agence ».

« Un ingénieur en bâtiment ou en urbanisme a un autre point de vue que l’ingénieur sur la construction et l’urbanisme. » Vincent Di Natale, ingénieur en master d’architecture

Onze écoles d’ingénieurs proposent des doubles cursus ingénieur-architecte en France. Le schéma le plus répandu, comme à Lyon, c’est un pont entre une école d’architecture et une ou plusieurs écoles d’ingénieurs. Des écoles de Rennes, Nantes, Toulouse, Marseille et de la région parisienne fonctionnent de la sorte. L’INSA Strasbourg affiche sa singularité avec une école d’architecture en son sein.

Le modèle et la culture technique d’outre-Rhin font partie de l’ADN de cette école, née allemande, en 1875. « En Allemagne, comme dans les modèles anglo-saxons, on forme aux techniques de construction et à l’architecture dans la même université », résume Christelle Gress. En 2019, lécole diplômera ses premiers ingénieurs – et ses premiers architectes – dotés aussi d’un bachelor en architecture et ingénierie, après six ans d’études post-bac. Comme dans les autres écoles, il est possible de prolonger ses études d’un an pour décrocher un second diplôme.

« Ce cursus répond à la nécessité d’une double culture, qui ne passe pas nécessairement par la validation de deux diplômes », estime Christelle Gross. Dans les rapports de stage de ceux qui le suivent, elle relève qu’« ils font souvent office de traducteurs, d’intermédiaires, de médiateurs entre les différents corps de métiers ». Vincent Di Natale la rejoint. Certains de ses camarades de double cursus, dit-il, ont choisi de rejoindre le monde professionnel après cinq ans d’études post-bac, diplôme d’ingénieur en poche. « A l’issue du double cursus, où l’on travaille sur des projets avec des élèves architectes, on est imprégné d’architecture. On sait comment se déroule un projet architectural et en quoi consiste la réflexion de l’architecte. C’est un avantage pour un ingénieur en bâtiment ou en urbanisme, qui travaille avec des architectes. Il a un autre point de vue que l’ingénieur sur la construction et l’urbanisme », assure le jeune homme.

En formant d’un côté ses ingénieurs dans des écoles scientifiques et techniques depuis le XVIIIe siècle et, de l’autre, ses architectes, d’abord aux Beaux-Arts de Paris, au début du XIXsiècle, puis, un siècle plus tard, dans les écoles régionales d’architecture, la France fait figure d’exception dans le paysage européen. Le rapprochement des deux types d’écoles d’ingénieurs contribue à battre en brèche cette séparation culturelle entre deux métiers et les clichés qui l’accompagnent. Et à donner peut-être enfin une perspective internationale aux étudiants qui choisiront ces métiers.

« Le Monde » organise son Salon des grandes écoles les 10 et 11 novembre

La 13e édition du Salon des grandes écoles (SaGE) aura lieu samedi 10 et dimanche 11 novembre à Paris, aux Docks, Cité de la mode et du design (13e arrondissement), de 10 heures à 18 heures.

Plus de cent cinquante écoles de commerce, d’ingénieurs, IAE, IEP, écoles spécialisées et prépas y seront représentées, permettant d’échanger sur les différents programmes et leur accessibilité (post-bac, post-prépa ou après un bac + 2, + 3 ou + 4). Lycéens, étudiants et parents pourront également assister à des conférences thématiques animées par des journalistes du Monde Campus. Une équipe de vingt « coachs » pourra également conseiller lycéens, étudiants et parents pour définir leur projet d’orientation, préparer les concours ou rédiger leur CV.

L’entrée en sera gratuite, la préinscription en ligne est conseillée pour accéder plus rapidement au Salon. Liste des exposants et informations pratiques sont à retrouver sur le site Internet du SaGE.