A L’Elyséee, le 30 octobre. Bruno Le Maire, le ministre français de l’économie, multiplie les efforts pour convaincre l’Europe d’adopter une taxe européenne sur les GAFA. / LUDOVIC MARIN / AFP

Voilà qui pourrait mettre une épine dans le pied du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui multiplie les efforts pour convaincre l’Europe d’adopter une taxe européenne sur les GAFA, l’acronyme qui désigne Google, Amazon, Facebook et Apple. Seize dirigeants de grandes entreprises européennes du numérique ont adressé mardi 30 octobre une lettre aux ministres européens des finances demandant « de ne pas adopter de mesure qui causerait un dommage matériel à la croissance économique, à l’innovation et à l’emploi en Europe ».

Parmi eux figurent Daniel Ek, le patron de Spotify, Kati Levoranta, la patronne du créateur de jeux vidéo finlandais Rovio, Robert Gentz, le cofondateur du site d’e-commerce Zalando, ou Gillian Tans, qui dirige le site de réservations touristiques Booking.com.

Leurs craintes, être les victimes collatérales de cette taxe censée frapper 3 % des revenus d’une entreprise à partir de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 50 millions en Europe.

Alors que le seuil a été établi pour n’attraper que les géants de la Silicon Valley, qui paient très peu d’impôts en Europe, il serait donc suffisamment bas pour frapper les fleurons technologiques locaux. « La taxe proposée aura des effets disproportionnés sur les entreprises européennes », affirment les signataires, évoquant d’autres effets potentiels comme une double taxation sur leurs activités.

Convaincre l’Allemagne, le Danemark et la Suède

« Les prix facturés aux consommateurs pourraient croître dans la mesure où des entreprises seraient forcées d’assumer ces coûts, tandis que d’autres ne seraient pas en mesure de s’aligner et ne pourraient donc pas supporter ces charges financières », ajoutent ceux qui enjoignent les ministres de tenir compte de ces remarques lors de leur réunion du 6 novembre.

Dans un rapport sur l’évasion fiscale internationale publié le 18 septembre à l’Assemblée nationale, les députés soulignaient que ce nouvel impôt pourrait toucher entre « 120 et 150 entreprises, dont environ 50 % américaines, 30 % européennes, les 20 % restant concernant surtout l’Asie, notamment la Chine ».

S’il a convaincu une vingtaine de pays de rejoindre ses vues, M. Le Maire doit encore rallier à sa cause l’Allemagne, mais aussi le Danemark et la Suède toujours en pleine réflexion. En attendant, le Royaume-Uni a choisi de ne pas attendre, annonçant lundi le projet d’un prélèvement de 2 % sur les plates-formes d’intermédiation telles que les moteurs de recherches ou les réseaux sociaux, à condition qu’elles génèrent plus de 500 millions de livres sterling (561 millions d’euros) par an de revenus et qu’elles soient rentables.