Photo aérienne d’un camp sur l’île de Nauru, fournie par Médecins sans frontières. / AP

La situation des enfants de réfugiés et de demandeurs d’asile relégués sur l’île de Nauru, souffrant de dépression, multipliant les tentatives de mutilation ou de suicide, émeut une grande partie de la société australienne. Au point que des dizaines d’organisations ainsi que nombre d’élus appelaient ces dernières semaines le premier ministre australien, Scott Morrison, à évacuer les mineurs et leurs familles de ce minuscule caillou du Pacifique.

Canberra a fini par céder et a commencé à discrètement évacuer les enfants de Nauru. « Il n’y a quasiment plus d’enfants à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée et nous nous attendons à ce qu’il n’y en ait plus aucun d’ici à la fin de l’année », a déclaré jeudi 1er novembre le représentant de l’Australie à Londres, George Brandis, à la radio britannique LBC.

Le journal The Australian, citant des sources gouvernementales, a rapporté que 40 enfants étaient toujours à Nauru et qu’ils seraient transférés en Australie avant la fin de l’année.

Au fil des années, des centaines d’enfants ont été évacués de Nauru vers l’Australie avec leurs familles. Ils sont éparpillés à travers le pays et soumis à des restrictions diverses, certains vivant dans des camps de rétention, d’autres ayant des droits limités à l’emploi et à l’éducation. Mais aucun n’obtient le droit de s’établir pour de bon.

« Une fois que les gens ont reçu de l’aide médicale, alors on s’attend à ce qu’ils rentrent dans leur pays d’origine », a affirmé jeudi le ministre de l’intérieur, Peter Dutton.

Les associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé l’incertitude qui perdure pour ces enfants et leurs familles, accusant le gouvernement de ne pas leur offrir de solution. « Ces familles n’ont pas de visa, elles sont de fait en détention dans le pays jusqu’à ce que leurs problèmes sanitaires soient réglés et certaines sont vraiment parquées dans des centres de détention fermés », a déclaré George Newhouse, du National Justice Project.

Selon un sondage récent commandé par le Sunday Telegraph de Sydney, un tabloïd qui soutient le gouvernement conservateur, 79 % des Australiens veulent que ces enfants et leurs familles soient évacués de Nauru.

Encore 600 réfugiés à Nauru

Avant une législative partielle cruciale le mois dernier, le premier ministre avait agité l’idée d’autoriser le transfert de réfugiés en Nouvelle-Zélande, mais exclu qu’ils entrent en Australie.

Il a affirmé jeudi que critiquer les conditions de vie des migrants, originaires de pays aussi divers que l’Iran et la Birmanie, revenait à insulter les 11 000 habitants de Nauru. « Les gens doivent se montrer respectueux envers nos voisins de Nauru. Car c’est là que vivent leurs enfants, où ils vont à l’école, où ils travaillent, où ils font leur vie », a-t-il lancé.

Aux termes d’un accord avec Barack Obama lorsqu’il était président, 439 réfugiés de Nauru et aussi de Manus, un autre îlot servant de lieu de rétention, sur un total potentiel de 1 250, avaient été accueillis aux Etats-Unis. Mais il en reste plus de 600 à Nauru. D’après les défenseurs des droits, 600 hommes vivent toujours dans des « centres de transition » à Manus après la fermeture de son camp l’année dernière suite à une décision judiciaire.

Canberra argue qu’il sauve des vies grâce à cette politique d’immigration draconienne, en dissuadant les migrants d’entreprendre un périlleux voyage. Les arrivées de bateau, qui étaient quasiment quotidiennes, sont aujourd’hui rarissimes.