Comprendre les origines de la guerre et l’état catastrophique du Yémen
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Pour alerter sur la situation au Yémen – empêtré dans un marasme politique, économique et social – le New York Times a fait sa « une », samedi 27 octobre, avec la photo d’Amal Hussain, une fillette squelettique allongée sur son lit d’hôpital. Cette jeune fille de 7 ans est finalement morte de malnutrition jeudi, a annoncé vendredi le quotidien américain.

« Mon cœur est brisé, a déclaré sa mère, Mariam Ali, au New York Times. Amal était toujours souriante. Maintenant, je suis inquiet pour mes autres enfants. » Dans son article, le quotidien explique que le portrait qui lui avait été consacré dans ses pages « a suscité une réponse passionnée des lecteurs. Ils ont exprimé leur chagrin. Ils ont offert de l’argent à sa famille. Ils ont écrit pour savoir si elle allait mieux ».

Et revient sur les circonstances de la rencontre avec la jeune fille, qui était alors hospitalisée :

« Lors d’un voyage au Yémen pour constater le bilan de la guerre, nous avons trouvé Amal dans un centre de santé à Aslam, à 90 miles [145 km] au nord-ouest de la capitale, Sanaa. Elle était allongée sur un lit avec sa mère. Les infirmières la nourrissaient de lait toutes les deux heures, mais elle vomissait régulièrement et souffrait de diarrhée. (…) La mère d’Amal était également malade, elle se remettait d’un accès de dengue qu’elle avait très probablement contractée à cause de moustiques se reproduisant dans les eaux stagnantes de leur camp. »

Amal Hussain est, selon l’ONG britannique Save the Children, l’un des 5 millions d’enfants yéménites victimes de la famine provoquée par la guerre qui, depuis 2015, oppose les rebelles houthistes soutenus par l’Iran, à la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite.

Censure de Facebook

En publiant cette photo en « une », le New York Times rompait avec une retenue souvent de mise à ce sujet. Dans une tribune jointe à l’article, le journal a justifié sa démarche. « L’assassinat d’un seul homme a davantage attiré l’attention de la planète que la catastrophe en cours au Yémen », ont regretté le journaliste Eric Nagourney et le rédacteur en chef des pages internationales du New York Times, Michael Slackman, avant d’asséner : « Ces images révèlent l’horreur qu’est le Yémen aujourd’hui. Vous pouvez choisir de détourner le regard. Mais nous avons estimé que cette décision vous appartenait. »

Après la publication de cette « une », de nombreux internautes se sont plaints de n’avoir pu la partager su Facebook. La plateforme supprimait en effet leur message peu de temps après la publication. Elle estime que la photo d’Amal Hussain enfreint les règles de Facebook car il montre une mineure dénudée. Critiqué, le réseau social avait finalement décidé de restaurer les messages.