La carcasse d’une voiture supposément brûlée par des combattants séparatistes à Buéa, capitale de la région camerounaise anglophone du Sud-Ouest, le 3 octobre 2018. / MARCO LONGARI / AFP

Le leader séparatiste anglophone Sisiku Julius Ayuk Tabe, arrêté en janvier au Nigeria puis extradé vers le Cameroun, a été aperçu en public, jeudi 1er novembre, pour la première fois depuis son arrestation. Il était en compagnie de neuf autres militants, à Yaoundé, pour une audience consacrée à l’examen de leur demande de libération.

Malgré des demandes déposées par leurs avocats pour leur rendre visite en détention au secrétariat d’Etat à la défense (SED), le siège de la gendarmerie à Yaoundé, ils n’avaient pas été vus publiquement depuis dix mois, ce qui inquiétait leurs proches. « Ce jour est un grand jour parce que tous [les dix] prévenus étaient là », a affirmé à la presse après l’audience Me John Feu Nsoh, l’un des trois avocats des leaders anglophones. « Apparemment, ils sont en forme mais je ne suis pas médecin. »

C’est avec 46 autres militants anglophones que M. Ayuk Tabe, président autoproclamé de l’Ambazonie (l’Etat indépendant que les séparatistes veulent créer au Cameroun anglophone), avait été arrêté au Nigeria puis extradé. Trois avocats avaient déposé début octobre une demande de « libération immédiate » pour lui et neuf autres détenus, sur laquelle la justice se prononcera le 15 novembre.

Branche politique

A leur sortie de la salle d’audience, où leur demande de mise en liberté a été examinée à huis clos, les dix militants ont rejoint un car de la gendarmerie, saluant de la main leurs proches tenus à bonne distance, a constaté l’AFP.

M. Ayuk Tabe et la plupart des autres militants arrêtés au Nigeria constituaient la branche politique du mouvement séparatiste anglophone, prônant la négociation avec Yaoundé pour arriver à leurs fins.

Depuis la fin de l’année 2017, des dizaines de séparatistes ont pris les armes dans les deux régions camerounaises anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Depuis, des affrontements les opposant à l’armée, déployée en nombre, s’y produisent quasiment tous les jours. Selon des sources concordantes, à ces séparatistes armés, dispersés en petits groupes dans la forêt équatoriale, se sont ajoutés des bandits et des pillards qui rackettent la population et les entreprises.

Plus de 175 membres des forces camerounaises de défense et de sécurité ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Plus de 300 000 personnes ont fui les violences dans la zone, se réfugiant pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et pour certaines au Nigeria voisin.