2018 fera date dans l’histoire des smartphones comme l’année de l’extinction des mobiles compacts. Puisqu’il est désormais impossible de dénicher un smartphone suffisamment menu pour être utilisable à une main confortablement, il devient intéressant de miser sur le confort visuel en s’offrant un mobile XL.

QUENTIN HUGON / NICOLAS SIX / LE MONDE

Nous avons organisé une petite olympiade entre les cinq meilleurs smartphones à écran 6,4 pouces, à laquelle nous avons convié les vedettes d’Apple, Samsung et Google, dont les mobiles sont enfin commercialisés en France. Une invitation supplémentaire a été accordée au smartphone futuriste du fabricant chinois Oppo, dont l’écran recouvre toute la façade, sans la moindre interruption, grâce à son appareil photo caché dans un tiroir.

Le dernier smartphone de ce comparatif, le Oneplus 6T, est un passager clandestin au tarif relativement accessible de 550 euros, quand ses concurrents fixent un droit d’entrée à 1 000 euros. Nous l’avons laissé accéder aux huit épreuves qui suivent dans l’espoir qu’il réussisse à tenir le rythme imposé par ses concurrents.

  • Design

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L’Oppo remporte facilement cette manche grâce à ses marges d’écran très discrètes, sa taille fine et ses bords en verre courbé. On peut s’en convaincre dans cette comparaison esthétique d’une minute :

Comparaison esthétique de 5 smartphones XL haut de gamme
Durée : 00:51
Images : NICOLAS SIX / LE MONDE

En revanche, une encoche située en haut de l’écran vient alourdir la ligne de l’iPhone, mais aussi du Pixel 3 XL, où elle est particulièrement voyante, et du OnePlus, avec davantage de discrétion. Le Samsung remplace cette encoche par une épaisse marge d’écran mais il arbore un dessin massif et carré qui ne respire pas l’originalité. Le dessin de l’iPhone paraît lui aussi banal, mais ses pourtours en acier réfléchissent la lumière.

  • Confort

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Oppo remporte aussi cette deuxième manche : son mobile est le moins désagréable en main. On l’agrippe légèrement plus facilement, il laisse plus de liberté au pouce pour se promener sur l’écran. Tout le contraire du Samsung.

L’Oppo est plus compact que le Samsung. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Il est d’ailleurs déconseillé de déverrouiller le Samsung par reconnaissance faciale, tant cette technologie est facile à tromper chez lui. Mieux vaut se rabattre sur son lecteur d’empreintes, guère pratique car situé au dos. Celui du Oneplus est bien plus agréable : il est caché sous son écran.

La reconnaissance faciale est aussi plus fiable, rapide et sûre avec le Oneplus 6T. On lui reprochera seulement de ne pas fonctionner dans le noir, contrairement à son équivalent Apple et Oppo.

Tous ces mobiles sont dotés d’un superbe écran OLED au contraste vif. En plein soleil, les mobiles de Google et Oppo sont moins lisibles. L’écran du Samsung est le plus large, donc le plus agréable. Mais contrairement aux smartphones d’Apple et Google, il ne change pas sa colorimétrie en temps réel pour s’adapter à l’éclairage ambiant.

  • Photo

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Dans de bonnes conditions, tous ces smartphones tirent d’excellentes photos. Nous avons donc organisé des épreuves dans des conditions plus difficiles : pluie, ciel blanc, petit matin, nuit, intérieur peu éclairé. Tous ont alors commis quelques petites erreurs. L’Oppo franchit la ligne d’arrivée bon dernier, car il peine à restituer les lumières violemment contrastées ou les scènes peu éclairées.

C’est le Samsung qui récolte les lauriers en ne flanchant ni la nuit, ni le jour. Il ne commet que quatre petites erreurs sur une cinquantaine de photos tirées, contre huit pour l’iPhone, dix pour le Oneplus, douze pour le Google, et vingt-deux pour l’Oppo.

Sous la pluie, le Samsung et l’iPhone capturent une image plus claire, comme souvent. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Le smartphone de Google est un cas à part. Il réussit d’excellentes photos la nuit, et ses clichés nocturnes pourraient même devenir exceptionnels après la mise à jour prometteuse de son application photo.

Les images nocturnes du Pixel 3 XL de Google sont plus lumineuses que celles de l’iPhone Xs Max. Mais les images produites par le prototype de la future application photo de Google sont encore bien plus lumineuses, sans se départir de leur excellente netteté.

En revanche, la journée, il flanche en capturant trop d’images sombres. Leurs couleurs sont parfois aussi un rien désagréables.

  • Simplicité

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Nous avons décortiqué l’ergonomie de chaque smartphone en analysant une vingtaine de critères. Dans ce domaine, Apple donne toujours le « la ». Son smartphone se déverrouille rapidement et sans effort. Ses menus offrent une navigation limpide, ses icônes sont particulièrement distinctes les unes des autres, donc faciles à retrouver. Les applications fournies par Apple sont plus claires car moins bardées de boutons. On peut toujours reprocher à la mémoire de l’iPhone d’être difficile d’accès car on est forcé d’utiliser le logiciel iTunes. Mais grâce à Netflix, Deezer et le stockage en ligne, iTunes n’est plus forcément incontournable.

L’Oppo prend la deuxième place en s’inspirant beaucoup d’Apple. Par exemple, ses applications sont toutes regroupées sur la page d’accueil. L’écran d’accueil de ses concurrents est donc moins chargé, c’est vrai, mais leurs applications sont cachées dans un tiroir. Pour un débutant, copier les applications sur l’écran principal est difficile.

Tous les concurrents de l’iPhone recourent à des applications signées Google, pas toujours très claires. Samsung et Oppo offrent des alternatives moins compliquées, mais pour y accéder, proposent de souscrire à un deuxième magasin d’applications. Pénible.

Le smartphone de Google propose une navigation moins complexe que les autres mobiles Android. Au bas de son écran, les trois boutons de navigation classiques d’Android ont disparu. Ses menus se pilotent désormais en dessinant des gestuelles sur l’écran, comme sur iPhone, en moins clair toutefois. Les débutants apprécieront.

  • Usage expert

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Certains utilisateurs veulent pouvoir personnaliser leur smartphone et plébiscitent les fonctions expertes.

Pour eux, l’iPhone n’est pas le choix le plus logique. Impossible de bouleverser son écran d’accueil, par exemple, en y installant un lanceur. Impossible d’y rajouter des interrupteurs ou des panneaux d’information (« widgets »). Ces défauts ne font pas de l’iPhone un choix à fuir. Son menu de Paramètres est assez riche, plus que celui, spartiate, du Google. L’iPhone offre aussi quelques fonctions exclusives, comme la possibilité d’une sauvegarde intégrale sur PC grâce au logiciel iTunes.

Très loin devant l’iPhone, le champion des experts est le Samsung. Ses fonctions avancées sont quatre fois plus riches que celles de l’iPhone, les amateurs passeront un bon week-end à les explorer. Certaines sont vraiment utiles, comme la possibilité d’empiler sur son écran deux logiciels l’un au dessus de l’autre. Raffinement suprême, le Samsung est équipé d’un stylet qui permet de noter des schémas et de dessiner. On peut l’utiliser pour traduire des mots à la volée, entre autres fonctions avancées.

Le Samsung offre aussi beaucoup de fonctions gadgets. On peut par exemple substituer à la très sérieuse police d’Android Roboto la beaucoup plus amusante Choco Cookie.

  • Loisirs

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Musique : Samsung rafle une victoire d’étape grâce à sa sortie son équilibrée, ample et définie, et grâce à son haut-parleur puissant et relativement agréable. Le Galaxy Note 9 est le seul à intégrer une vraie prise casque, ses concurrents obligent à brancher un adaptateur. Un mobile risque de décevoir les mélomanes les plus exigeants : l’Oppo. Sa sortie audio diffuse un son passable, et le haut-parleur est nasillard.

Vidéo : victoire du Samsung dont l’écran est un rien plus large, ce qui profite à YouTube, aux films et aux séries. Sa mémoire est extensible par carte mémoire, contrairement au Pixel 3 Xl de Google, à l’Apple iPhone XS Max, et à l’Oppo Find X.

Jeu 3D : le Samsung perd quelques points. Sa puce 3D est un peu plus lente que celle du Oneplus et de l’Oppo, beaucoup plus que celle de l’iPhone. Qu’on se rassure, il peut tout de même faire tourner la quasi-totalité des jeux 3D récents, presque toujours dans des réglages élevés.

  • Durabilité

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Les noyades ne sont pas le scénario de casse le plus fréquent, mais deux smartphones n’y résisteront pas : l’Oppo et le Oneplus, guère étanches. Côté robustesse, tous les smartphones testés sont habillés de tranches en métal fort résistantes et d’un dos en verre, très fragile. L’arrière de l’iPhone XS Max semble un peu mieux protégé des chutes que celui de ses concurrents, ce qui est une bonne chose, car sa réparation coûte… 640 euros.

Apple se fait partiellement pardonner grâce à son logiciel central iOS, qui devrait être rafraîchi régulièrement pendant quatre années environ. Aucun mobile Android ne peut en dire autant : les fabricants offrent deux à trois ans de mises à jour au mieux. Son processeur est aussi le mieux armé pour résister aux outrages du temps.

Une petite inquiétude concerne l’Oppo : le moteur qui escamote son appareil photo résistera-t-il à l’usure ? Quant au Pixel 3 XL, mieux vaut l’équiper d’un étui de protection car son dos prend très facilement les griffes.

  • Autonomie

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A moins d’être un ascète, difficile de tenir deux jours sans charger l’iPhone. Cet objectif est en revanche tenable avec ses concurrents, à condition de garder un usage raisonnable. L’iPhone est aussi lent à charger : branché pendant une demi-heure, sa batterie ne progresse que de 20 %, contre 40 % pour le Samsung et le Google, 50 % pour l’Oppo, 60 % pour le Oneplus. Heureusement, l’iPhone est rechargeable sans fil, tout comme le Pixel et le Note 9. Cela demande un peu moins d’effort que par câble, on le fait plus volontiers en journée.

En conclusion :

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Le Samsung Galaxy Note 9 et l’iPhone Xs Max se partagent la première marche du podium, mais aux yeux de la rédaction, un autre vainqueur se dessine : le Oneplus. Même s’il ne franchit pas la ligne en première position, son rapport qualité prix lamine la concurrence.

Si l’argent n’est pas un problème, le choix se joue entre le Samsung, plutôt destiné aux experts, et l’iPhone, plus adapté à la majorité des utilisateurs. Mais ces deux mobiles n’écrasent pas la concurrence et souffrent tous deux de gros défauts. L’iPhone est commercialisé au tarif princier de 1 250 euros pour la version 64 go dont la mémoire risque vite de saturer, ou de 1 430 euros pour le modèle supérieur. Quant au Samsung, c’est un smartphone particulièrement encombrant et très inconfortable pour les mains menues, au point qu’on peine à l’agripper fermement.

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