Manifestation à Rabat, le 15 juillet 2018, contre la détention des leaders du mouvement de protestation de 2016-2017 dans la région du Rif, condamnés en juin à de lourdes peines. / FADEL SENNA / AFP

L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a dénoncé, jeudi 1er novembre, une « régression patente des droits humains » au Maroc, en déplorant l’« augmentation considérable du nombre de détenus politiques ».

Dans son rapport couvrant l’année 2017 et une partie de 2018, la plus importante ONG de défense des droits humains du royaume fustige la « répression qui a touché de nombreux mouvements sociaux, particulièrement le Hirak du Rif », dans le nord du Maroc.

Les mouvements de protestation sociale se sont multipliés ces deux dernières années dans des zones déshéritées du pays. Le plus important, appelé Hirak, a agité en 2016-2017 la région historiquement frondeuse du Rif. Ses meneurs ont été arrêtés et condamnés en juin à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison.

« Approche sécuritaire »

Selon le rapport, le nombre total de détenus et de personnes poursuivies en raison de « leurs opinions critiques » ou de « leurs activités au sein des mouvements de protestation », entre autres dans le Rif, a « dépassé 1 020 ». Evoquant une « augmentation considérable du nombre de détenus politiques », le président de l’AMDH, Ahmed El Haij, a précisé que ce chiffre incluait des militants qui ont entre-temps été innocentés. Face à une « crise sociale, l’Etat a choisi d’adopter une approche sécuritaire », a-t-il regretté.

Dans un discours prononcé en juillet 2017, le roi du Maroc, Mohammed VI, s’était félicité que les forces de l’ordre aient « préservé la sécurité et la stabilité » dans le Rif, en réfutant les « allégations » de ceux qui parlent « d’approche sécuritaire ». Les autorités marocaines ont affirmé que la protestation dans cette région avait fait plus de 600 blessés parmi les forces de l’ordre et causé 7 millions de dirhams (environ 640 000 euros) de dégâts.

Dans son rapport, l’AMDH déplore par ailleurs le « faible engagement » de l’Etat dans la lutte contre la torture, et s’inquiète d’une « recrudescence des violations systématiques du droit d’organisation, de création d’associations et de manifestation pacifique ». Le document dénonce enfin une pratique de la « diffamation qui s’est généralisée » contre les « opposants, activistes et journalistes indépendants », ainsi qu’un « acharnement systématique contre les défenseurs des droits humains », y compris l’AMDH.