Vendredi 2 novembre, après la fermeture des marchés financiers, l’Autorité bancaire européenne (EBA) a publié les résultats des tests de résistance auxquels 48 banques du continent (couvrant 70 % des actifs du système bancaire européen) ont été soumises ces derniers mois.

Pour réaliser sa quatrième vague de tests, l’Autorité bancaire a confronté les institutions européennes, sur la base de leurs bilans à fin 2017, à des scénarios de stress économique sévère : celui notamment d’une chute de 2,7 % du PIB européen entre 2018 et 2020, accompagnée d’une montée du taux de chômage de 3,3 points, de risques économiques liés au Brexit ou encore d’une chute des prix de l’immobilier.

Il s’agissait d’évaluer si les banques détenaient des réserves en capital suffisantes pour absorber les chocs. Dix ans après la crise financière, le bilan se révèle à première vue rassurant. « Le résultat des tests de résistance montre que les efforts des banques pour solidifier leur base capitalistique ces dernières années ont renforcé leur capacité à résister à des chocs importants », a déclaré Mario Quagliariello, le directeur des analyses et statistiques économiques à l’EBA. Ce résultat, meilleur que lors du test de résistance de 2016, était attendu puisque, sous la pression des superviseurs et des marchés financiers, les banques ont globalement continué d’augmenter leurs ratios de solvabilité (qui mesurent capitaux propres en face des crédits distribués) au cours des deux dernières années.

Quelques surprises

« Ces tests ne constituent pas l’alpha et l’oméga de l’appréciation des risques, ils n’explorent pas tous les scénarios. Par ailleurs la liste est partielle, certains établissements qui soulèvent de nombreuses questions, comme l’italienne Monte dei Paschi, n’y figurent pas, note Nicolas Véron, économiste du centre de réflexion européen Bruegel et au Peterson Institute. Mais c’est un exercice de transparence utile et un complément d’information pour les marchés. »

Le classement des banques les plus fragilisées face à des scénarios extrêmes recèle toutefois des surprises. L’EBA a en effet rangé les établissements en fonction des pertes qu’ils subiraient sur leurs fonds propres « durs » (c’est-à-dire les apports des actionnaires et les bénéfices mis en réserve). Or, parmi les moins bien classés, figurent notamment trois grandes banques britanniques, Lloyds Banking Group, Barclays et Royal Bank of Scotland (RBS).

Ces deux dernières avaient déjà eu des difficultés à franchir en 2017 avec succès les tests de résistance menés par la Banque d’Angleterre, qui avait toutefois conclu que les grandes institutions britanniques pourraient faire face à un Brexit « désordonné » sans avoir besoin de réduire leurs activités de crédit ou d’être recapitalisées avec de l’argent public.

Françaises et italiennes ne sont pas trop affectées

Le premier groupe bancaire allemand, Deutsche Bank, voit également ses capacités de résistance durement éprouvées, se classant à la quarantième place du classement sur 48. Après trois années de pertes d’affilée, l’établissement ne parvient toujours pas à sortir de la tourmente. Mais son directeur financier, James von Moltke, a prévenu qu’il n’était pas question de changer « notre gestion de la banque après les tests de résistance », en ajoutant que les méthodologies internes de Deutsche Bank différaient de celles utilisées par l’EBA.

D’autres banques allemandes, publiques et régionales, apparaissent également en bas du classement, et en particulier la fragile Nord/LB, qui, selon la presse Outre-Rhin, pourrait fusionner à deux autres Landesbanken pour créer un nouvel acteur de poids en Allemagne.

Les françaises n’ont en revanche pas été parmi les plus affectées, pas plus que les grandes banques italiennes, Intesa Sanpaolo et UniCredit.

Les résultats de ces tests, les plus stricts conduits par l’EBA depuis la mise en place de cet exercice en 2009, permettront aux contrôleurs bancaires d’imposer aux établissements certaines améliorations. La BCE, superviseur bancaire en zone euro, a déclaré qu’elle s’en servirait pour fixer pour chaque établissement les besoins en capitaux dans le cadre de sa revue annuelle, dans le courant du mois de janvier.