Le préfet de l’Indre a ordonné, samedi 3 novembre, la suspension provisoire et immédiate de l’activité d’un abattoir du département, à la demande du ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, qui a dénoncé dans un communiqué les « pratiques inacceptables » et des « actes inexcusables » de l’établissement.

Cette décision fait suite à la diffusion par l’association de défense des animaux L214 d’images provenant d’une vidéo de surveillance de l’abattoir communal du Boischaut, abattoir public géré par la communauté de communes de La Châtre et Sainte-Sévère. Des images qui montrent, selon l’association, de « nombreuses violations de la loi encadrant les conditions de mise à mort des animaux ».

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Des animaux découpés « encore vivants »

On y voit des animaux, déjà suspendus par une patte, saignés alors qu’ils « sont pleinement sensibles et conscients ». « Aucun contrôle de sensibilité n’est effectué après l’utilisation du matador [pistolet à tige perforante] censé étourdir les animaux, écrit l’association dans un communiqué. Des bovins commencent à être découpés alors qu’ils sont encore vivants. »

L214 dit également constater des manquements concernant les règles sanitaires. Les images montrent un employé chargé de saigner les animaux vêtu d’un « simple t-shirt », sans équipement professionnel. Par ailleurs, « une fois assommés, les bovins tombent dans le sang et les excréments des animaux abattus avant eux ». La vidéo a été publiée en ligne et est commentée par la chanteuse Samaha du groupe Shaka Ponk. L214 dit avoir porté plainte auprès du procureur de Châteauroux pour maltraitance et sévices graves.

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Dans son communiqué, le ministre de l’agriculture reconnaît :

« Le bilan des inspections spécifiques à la protection des animaux conduites en 2016 dans tous les abattoirs de boucherie français avait montré que certains progrès restaient à faire en France, notamment sur les procédures de contrôle interne. (…) Les images diffusées témoignent (…) de la nécessité d’accélérer encore les travaux sur la formation des personnels et sur leur encadrement par des responsables de la protection animale. »

Le ministre a demandé à la Brigade nationale d’enquête vétérinaire d’ouvrir une enquête administrative. Des décisions « appropriées » seront prises sur la base de ces conclusions.

Pourquoi les animaux souffrent encore dans les abattoirs français
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