Cheikh Ali Salmane (ici en 2009) purge depuis 2014 une peine de prison pour « incitation à la haine confessionnelle ». / Hamad I Mohammed / REUTERS

Dimanche 4 novembre, trois personnalités de l’opposition chiite au Bahreïn, dont le chef du mouvement Al-Wefaq Cheikh Ali Salmane, ont été condamnées en appel à la prison à perpétuité pour avoir transmis des informations confidentielles au Qatar, pays boycotté par Manama et d’autres alliés de l’Arabie saoudite.

Ils avaient été acquittés en juin par la haute cour pénale de Bahreïn, pays dirigé par une monarchie sunnite. Le procureur général avait, néanmoins, interjeté appel.

Le jugement de dimanche peut encore faire l’objet d’un recours.

Une « parodie de justice »

Ali Salmane avait été inculpé il y a un an « d’intelligence avec l’Etat du Qatar en vue de commettre des actions hostiles dans le but de nuire à la position politique et économique du royaume de Bahreïn, de renverser son régime et de dévoiler ses secrets défense ».

Il avait été également accusé d’« avoir reçu d’un Etat étranger [le Qatar] des sommes d’argent en contrepartie de la transmission d’informations concernant des secrets militaires et la situation générale dans le pays ».

« Ce verdict est une parodie de justice qui illustre les efforts constants et illégaux des autorités bahreïnies pour réduire au silence toute forme de dissidence », a accusé Amnesty International.

« Le cheikh Ali Salmane est un prisonnier de conscience qui est détenu seulement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression », a ajouté l’ONG de défense des droits de l’homme.

Le Qatar sous embargo

Cette inculpation était intervenue après l’embargo décrété le 5 juin 2017 contre le Qatar par l’Arabie saoudite et ses alliés, l’Egypte, les Emirats et Bahreïn.

Les quatre pays accusent le Qatar de soutenir des mouvements « terroristes » (ce que Doha dément), de se rapprocher de l’Iran et de saper la stabilité de la région.

La seule frontière terrestre de la petite nation péninsulaire avait alors été fermée, sa compagnie aérienne publique interdite d’emprunter l’espace aérien des pays voisins, et ses citoyens expulsés de ces mêmes pays.

Depuis plusieurs mois, le régime saoudien entretient également le flou autour d’un projet de canal maritime, percé parallèlement à sa frontière avec le Qatar, qui transformerait de facto l’émirat en île.

Allié de Washington

Arrêté dès 2014, Cheikh Ali Salmane purge, par ailleurs, actuellement une peine de prison pour « incitation à la haine confessionnelle ».

Le royaume de Bahreïn, siège de la Ve Flotte des Etats-Unis et proche allié de Washington, avait alors écrasé dans le sang un mouvement de contestation chiite qui réclamait des réformes dans la foulée du « printemps arabe ».

Des centaines d’opposants ont été emprisonnés depuis et certains ont été déchus de leur nationalité.