Des sauveteurs cherchent des survivants dans les décombres, le 5 novembre 2018. / LOÏC AEDO, HO / AFP

Plus de vingt-quatre heures après l’effondrement de plusieurs immeubles vétustes du centre de Marseille, trois corps ont été retrouvés mardi 6 novembre dans les décombres, où les secours gardaient malgré tout un « faible espoir » de retrouver des survivants.

En milieu de journée, ce sont les corps d’une femme puis d’un homme qui ont été retrouvés dans les ruines des immeubles effondrés, a annoncé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, après la découverte tôt dans la matinée d’un premier corps, celui d’un homme.

Dans le périmètre de la catastrophe, casque orange sur la tête, masque sur la bouche pour certains et combinaison marine maculée de poussière, une dizaine de sauveteurs effectuaient mardi une chaîne humaine pour retirer les débris, pierre après pierre. Plus de 120 marins-pompiers et sapeurs-pompiers sont à pied d’œuvre pour fouiller l’amas de gravats d’une profondeur de 15 mètres. Dessous, selon les autorités, cinq à huit personnes pourraient avoir été ensevelies.

« On a encore de l’espoir même si l’espoir est faible. Des poches de vie peuvent encore être présentes », a expliqué le capitaine de frégate Samuel, commandant des opérations de secours du bataillon des marins-pompiers de Marseille : il reste « une semaine de travail jour et nuit ».

Les secours ralentis par la pluie

La pluie qui s’est abattue sur Marseille lundi soir et mardi matin, parfois torrentielle, « ralentit la progression » des secours « et augmente les risques », a poursuivi le marin-pompier, alors que des membres des secours guettent aux fenêtres des immeubles qui surplombent le chantier pour donner l’alerte si jamais l’un d’eux venait à montrer des signes d’affaissement.

« C’est un travail stratégique avec des outils mécaniques et à la main », notamment une pelleteuse pour extraire les gros débris et du matériel endoscopique pour sonder le monticule de débris parsemé d’objets du quotidien. « L’urgence, c’est de sauver des vies », a déclaré mardi matin sur place le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner

Après l’effondrement des deux bâtiments vétustes lundi matin, suivi de l’écroulement partiel d’un troisième bâtiment mitoyen en fin de journée, les secours tentent de retrouver cinq habitants du 65, rue d’Aubagne manquant à l’appel, ainsi que trois personnes qui auraient pu être invitées dans l’immeuble. Dans ce bâtiment, neuf appartements sur dix étaient habités, au-dessus d’un commerce vacant au rez-de-chaussée. En copropriété, il avait fait l’objet, le 18 octobre, d’« une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants », selon la mairie.

Sophie, une étudiante de 25 ans habitant l’immeuble, avait quitté son appartement dimanche soir, pour aller chez ses parents, car « depuis plusieurs jours, les portes de plusieurs appartements ne fermaient plus, ou à peine », a-t-elle rapporté à l’AFP, précisant avoir porté plainte dès lundi auprès de la police judiciaire, saisie de l’enquête.

Vaste plan de requalification du centre-ville

Les deux autres immeubles étaient murés et théoriquement inhabités, l’un faisant l’objet d’un arrêté de péril depuis 2008, l’autre étant abandonné depuis 2012.

Si la mairie a avancé l’hypothèse des fortes pluies des derniers jours pour expliquer la catastrophe, plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille. « Ce sont les maisons des pauvres qui tombent et ce n’est pas un hasard », a tonné le chef de file des « insoumis » et député du secteur, Jean-Luc Mélenchon.

La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de 100 000 habitants de Marseille.