Les filles d’Asia Bibi posent avec une image de leur mère, à Sheikhupura (Pakistan), le 13 novembre 2010. / ADREES LATIF / REUTERS

La maire de Paris, Anne Hidalgo, et le président des Républicains, Laurent Wauquiez, ont demandé lundi 5 novembre dans des messages distincts aux autorités françaises d’intervenir pour « sauver la vie » de la Pakistanaise chrétienne Asia Bibi. Plus de 40 personnalités, dont Elisabeth et Robert Badinter, Luc Ferry et Daniel Salvatore Schiffer, ont également fait passer le même message dans une tribune parue dans Le Figaro, mercredi 7 novembre. Dénoncée par des voisines pour avoir bu l’eau d’un puits réservé en principe aux musulmans, cette chrétienne avait été condamnée à mort pour blasphème en 2010, avant d’être reconnue innocente de ce crime, à la fin d’octobre. Elle reste, cependant, pour l’heure incarcérée.

Craintes pour sa vie

« L’acquittement d’Asia Bibi par la Cour suprême du Pakistan a été un véritable soulagement pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, lui avaient apporté un soutien et avaient appelé à sa libération ces dernières années », a déclaré Anne Hidalgo lundi en marge d’un déplacement à Lille, où elle assistait à l’Assemblée générale des maires francophones. « Mais sa situation reste particulièrement précaire, puisqu’elle est toujours emprisonnée et qu’elle et ses proches font l’objet de très nombreuses menaces de mort », a-t-elle ajouté. En 2014, la Mairie de Paris avait attribué à Mme Bibi la citoyenneté d’honneur « pour contribuer à la protéger ».

De son côté, Laurent Wauquiez a appelé Emmanuel Macron à « tout mettre en œuvre pour sauver la vie » d’Asia Bibi « et faire en sorte qu’elle puisse être accueillie et protégée par la France », dans un message publié lundi soir sur les réseaux sociaux.

Fureur des islamistes

Dans la tribune du Figaro, les signataires dénoncent, eux, la condamnation à mort d’Asia Bibi, une sentence « abominable et rétrograde », et saluent le verdict « aussi juste que courageux » de la Cour suprême du Pakistan, qui avait décidé la semaine dernière d’acquitter cette ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantaine d’années.

Cette décision a provoqué la fureur d’islamistes, qui ont bloqué les principaux axes du pays pendant trois jours, poussant le gouvernement du premier ministre Imran Khan à signer un accord controversé avec eux. Ce qui a conduit à « repousser », voire « annuler » la libération d’Asia Bibi, déplorent les signataires de l’appel des intellectuels, qui voient dans cette situation « une négation, sinon un outrage, au droit lui-même ».

Dimanche, le mari d’Asia Bibi, Ashiq Masih, a réclamé l’asile pour sa femme, ses trois filles et lui-même aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Canada.