Dmitri Rybolovlev, le 1er mars 2015 au stade Louis-II de Monaco. / VALERY HACHE / AFP

Le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, patron de l’AS Monaco, a été inculpé mercredi 7 novembre à Monaco dans le cadre de la retentissante affaire d’escroquerie présumée qui l’oppose à son ancien marchand d’art suisse Yves Bouvier. Le ou les chefs d’inculpation précis visant M. Rybolovlev ne sont cependant pas encore connus.

Le magnat russe a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire, comme les trois autres personnes inculpées avec lui : son avocate Tetiana Bersheda, ainsi que le fils et l’épouse de l’ex-garde des Sceaux de Monaco, Philippe Narmino, a-t-on précisé au parquet de Monaco, confirmant une information de Nice-Matin.

Selon le quotidien régional, les quatre inculpés s’étaient présentés d’eux-mêmes mardi, munis d’une convocation, avant d’être placés en garde à vue. Plusieurs perquisitions ont également été menées durant les dernières vingt-quatre heures. D’autres mises en cause pourraient suivre puisque « les opérations se poursuivent encore jusqu’à ce soir et peut-être demain », a ajouté le procureur général.

SMS compromettants

Dmitri Rybolovlev est au cœur de l’information judiciaire ouverte voilà un an par le parquet général de Monaco pour des faits de « corruption », « trafic d’influence actif et passif » et complicité de ces délits.

A l’origine de cette affaire, il y a une plainte déposée par le milliardaire russe contre l’ancien marchand d’art Yves Bouvier, qu’il accuse de l’avoir escroqué d’un milliard de dollars en appliquant des marges exorbitantes lors de la vente de tableaux. Mais au fil de l’enquête, les policiers ont pu exploiter les informations du téléphone portable de l’avocate de Dmitri Rybolovlev, mettant au jour un scandale de toute autre ampleur.

Comme l’avait révélé Le Monde dans son enquête, de nombreux textos issus du smartphone de Me Bersheda faisaient en effet état des relations suivies entre M. Rybolovlev et Philippe Narmino, alors ministre de la justice monégasque : week-end tous frais payés dans la résidence suisse de l’oligarque, à Gstaad, envoi de cadeaux, dîners fins, etc. Plusieurs policiers de haut rang sont aussi susceptibles d’être impliqués dans ce scandale aux allures de « Monacogate ».

L’affaire, qui inquiète les plus hautes autorités de la principauté, a déjà provoqué le placement en garde à vue, le 23 septembre 2017, de Philippe Narmino, personnalité en vue sur le Rocher. Quelques jours plus tôt, M. Narmino avait été contraint de quitter ses fonctions de ministre de la justice de Monaco.