Le metteur en scène Kirill Serebrennikov (à droite), accusé de détournement de fonds, à son procès à Moscou, en Russie, le 7 novembre 2018. / SERGEI KARPUKHIN / REUTERS

« Je n’ai jamais rien volé » : le metteur en scène Kirill Serebrennikov a clamé son innocence, mercredi 7 novembre, à l’ouverture de son procès à Moscou. Assigné à résidence depuis plus d’un an, il est poursuivi pour une affaire de détournement de fonds, qu’il juge « absurde ».

Vêtu de noir, chaussé de baskets violettes, l’homme de cinéma et de théâtre était accompagné au tribunal de nombreuses personnalités du monde de la culture. Ses partisans dénoncent une nouvelle attaque des milieux conservateurs russes envers la création artistique.

Le procureur l’a accusé mercredi d’avoir « coordonné un groupe criminel » à des fins d’enrichissement personnel. M. Serebrennikov aurait, selon lui, détourné environ 130 millions de roubles (1,7 million d’euros) de subventions publiques destinées à son théâtre moscovite grâce à un système de factures et de devis gonflés, entre 2011 et 2014.

Des œuvres controversées

Le metteur en scène avait été arrêté dans la nuit du 21 au 22 août 2017, alors qu’il se trouvait en plein tournage d’un film à Saint-Pétersbourg. Quatre mois plus tard, la justice russe ordonnait la saisie des biens et actifs du metteur en scène, notamment son appartement et sa voiture. Plusieurs de ses collaborateurs sont également poursuivis dans cette affaire.

Pour ses défenseurs, Kirill Serebrennikov paie la montée en puissance des valeurs conservatrices en Russie, où les artistes sont confrontés à une pression croissante. Ses œuvres abordant la religion ou la sexualité ont été critiquées par les autorités ou par des représentants religieux.

A cause de son assignation à résidence, le réalisateur n’a pas pu participer en mai à la montée des marches à Cannes avec l’équipe de son film Leto (L’Eté), présenté en compétition, et dont il avait terminé le montage chez lui.

Soutien des milieux culturels

Egalement directeur du Centre Gogol, théâtre contemporain à Moscou, il avait aussi manqué en décembre 2017 la première de son ballet Noureev – consacré au danseur étoile soviétique passé à l’ouest en 1961 –, monté au Bolchoï de Moscou. Le spectacle lui-même avait fait l’objet d’une controverse, retardant la première de six mois.

Depuis son arrestation, de nombreux appels à la levée des charges pesant sur lui ont été lancés par des figures russes du monde des arts comme par des personnalités culturelles internationales, de l’actrice australienne Cate Blanchett, présidente du jury du Festival de Cannes en 2018, à l’ancienne ministre française de la culture Françoise Nyssen.