Une célèbre journaliste anglophone du Cameroun, Mimi Mefo, a été écrouée dans la nuit du mercredi 7 novembre à Douala (sud), après avoir été inculpée par un tribunal militaire d’« atteinte à la sûreté de l’Etat », a appris l’AFP auprès de son avocate. Mimi Mefo, rédactrice en chef adjointe et présentatrice vedette à Equinoxe TV, une chaîne de télévision privée de Douala, « a été écrouée et incarcérée (…) à la prison de New-Bell », a affirmé Alice Nkom, responsable d’un collectif de onze avocats qui s’est constitué pour défendre la journaliste.

Mimi Mefo a été placée en détention provisoire par le commissaire du gouvernement près du tribunal militaire de Douala, selon Me Nkom qui qualifie ces chefs d’inculpation de « rocambolesques ». Elle devrait être jugée par le tribunal militaire de Douala dès lundi, selon l’avocate.

Il lui est reproché d’avoir « relayé, tout en en indiquant la source, un post disant que ce sont des balles de l’armée qui ont tué le missionnaire américain Charles Trumann Wesco », qui a succombé fin octobre à ses blessures après une attaque dans la province anglophone du Nord-Ouest, a expliqué Me Nkom. « Est-ce qu’on peut nous prouver que c’est faux ? On n’en sait rien, dès lors qu’on a affaire à une armée dont des soldats peuvent tirer à bout portant sur un enfant, ce que les autorités nient avant de se raviser », a-t-elle affirmé.

Six journalistes interpellés

Dans un autre post, la journaliste avait relayé la version du ministère camerounais de la défense, imputant la responsabilité de la mort du missionnaire américain aux séparatistes anglophones. « Son innocence est établie et la preuve que [son] emprisonnement était planifié est cinglant », a réagi le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC). Reporters sans frontières (RSF) a également demandé la libération immédiate de la journaliste d’Equinoxe TV. « Les journalistes qui couvrent la crise anglophone ne sont pas des criminels ! », précise l’ONG.

Anglophone, Mimi Mefo, en plus de ses responsabilités à Equinoxe TV, anime un site Internet sur lequel elle rend régulièrement compte de l’actualité des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à un conflit armé depuis un an. Depuis la tenue de la présidentielle le 7 octobre, au moins six journalistes ont été interpellés au Cameroun, dont deux restent incarcérés, selon un décompte fait par l’AFP. Michel Biem Tong, promoteur d’un site Internet, a été arrêté le 23 octobre et restait en détention jeudi pour des faits allégués d’« apologie » de sécession.