Que veut vraiment le président de la République sur le dossier de la défense européenne ? Emmanuel Macron a jeté le trouble, mardi 6 novembre sur Europe 1, en évoquant « une vraie armée européenne », sans dire un mot de la réunion organisée à Paris le lendemain par sa ministre des armées, Florence Parly, avec neuf de ses homologues sur « l’initiative européenne d’intervention ».

Avec ce concept flou, lancé en septembre 2017 dans son discours de la Sorbonne, le chef de l’Etat avait agacé ses partenaires, pris de court. Le ministère travaille depuis à lui donner corps, tandis que « l’armée européenne », dont la moitié du continent exclusivement tourné vers l’OTAN ne veut pas entendre parler, reste un chiffon rouge.

C’est « le plus sûr moyen de rendre encore plus fragile tout progrès d’une politique européenne de défense. Un hors-sujet assez incompréhensible et d’une déconcertante légèreté », a ainsi réagi le député (PPE) Arnaud Danjean, qui avait piloté, en 2017, la révision stratégique de la défense nationale à la demande d’Emmannuel Macron. Le président a voulu user « d’une image forte » pour parler de l’Europe de la défense au plus grand nombre, veut se rassurer le cabinet de Mme Parly.

« Améliorer la capacité à réagir ensemble »

L’initiative européenne d’intervention « c’est d’abord le pragmatisme », a souligné la ministre des armées mercredi. « Hors de tout cadre institutionnel », selon Paris, il s’agit d’abord de se parler pour construire « une culture stratégique commune ». Sont évoqués des échanges de renseignements sur des « scénarios concrets » de crises, sachant que la planification militaire en commun reste du ressort de l’OTAN. Cela « permettra d’améliorer la capacité à réagir ensemble aux attaques notamment hybrides, de procéder à des retours d’expériences d’opérations passées, de s’interroger sur la lutte contre le terrorisme (…), d’analyser les fragilités stratégiques de certains pays », a précisé la directrice des relations internationales du ministère, Alice Guitton, le 10 octobre, à l’Assemblée.

Cette première rencontre politique devait être déclinée au niveau des chefs d’état-major, jeudi et vendredi au siège des armées à Balard.