Jeudi 7 novembre, 11 heures, monastère de Cimiez, à Nice. Eric Ciotti et Christian Estrosi se serrent la main tout en s’évitant du regard. Les funérailles sont souvent l’occasion de se réconcilier. Mais, devant le cercueil de Jean-Paul Baréty, figure tutélaire du gaullisme azuréen et du patrimoine niçois, ex-maire RPR de Nice de 1993 à 1997, les deux chefs de file de la droite républicaine de la Côte d’Azur ne semblent toujours pas prêts à oublier leur inimitié.

Pourtant, le matin même, Nice Matin avait publié une lettre de réconciliation du maire de Nice adressée à Eric Ciotti, le 7 novembre : « Nos divergences existent, y écrit M. Estrosi, mais nous avions jusqu’à présent réussi à les surmonter. Ce sont des divergences nationales, à la marge. » « L’apaisement, indique le maire de Nice, est nécessaire pour éviter de faire prendre des risques à la ville et au département. » « Eric Ciotti est-il prêt sans conditions et sans excès à ce dialogue ? Moi, j’y suis prêt ! Une machine s’est emballée. La question est de savoir si nous sommes capables ou pas de faire avancer l’intérêt général, poursuit M. Estrosi avant de conclure : Je veux te lancer aujourd’hui un appel solennel, celui du dialogue, de la main tendue, de l’unité sans condition et sans excès. »

Camp macroniste

Après avoir longtemps été très proches, M. Estrosi et M. Ciotti se sont éloignés pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Depuis 2017, ils ont beau être d’accord sur le tout-sécuritaire et le rejet des migrants, ils sont en guerre ouverte. Les choses se sont envenimées depuis que M. Ciotti a affiché ses ambitions pour l’élection municipale de 2020. Ce dernier accuse M. Estrosi, qui s’était affiché aux côtés du candidat Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2017, d’être « le président officieux d’En marche ! » dans le département. M. Estrosi désigne, lui, Eric Ciotti comme un « ennemi de Nice ».

Député des Alpes-Maritimes et proche de Laurent Wauquiez, M. Ciotti ne semblait pas jeudi prêt à accepter la main tendue de son rival. Sur Twitter, il a répondu ironiquement à la lettre du maire : « J’ai toujours souhaité confronter nos divergences sans tabous. Quant à mon numéro de portable, lui non plus n’a pas changé depuis vingt-trois ans… », a-t-il écrit après un premier message où il renvoyait une nouvelle fois M. Estrosi au camp macroniste : « Mais pourquoi un courrier personnel est d’abord divulgué aux journalistes et d’autres élus : sans doute les pratiques du nouveau monde. » Si de nombreux électeurs déplorent cette rivalité, les entourages des deux leaders demeurent sceptiques quant à une réconciliation. « Il y a eu trop de haines cumulées entre eux », soupire un proche d’Eric Ciotti.