LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme pour cette fin de semaine : un week-end commémoratif de la Grande Guerre en musique, loin des champs de bataille ; un insolite mélange de récit de vie et de théâtre d’objets sur le thème de la Shoah avec Naomi Yoeli au Théâtre Dunois (Paris 13e) ; la nouvelle production XXL du Cirque du Soleil signée Robert Lepage au bois de Boulogne (Paris 16e) ; le festival interdisciplinaire Visions d’exil au Palais de la porte Dorée (Paris 12e) ; un hymne pour un enfant à naître avec Amadouce, de Michèle Nguyen au Petit Ney (Paris 18e) ; une réflexion du chorégraphe iranien Ali Moini sur les motifs de la contrainte au Centre Pompidou (Paris 4e) ; une exposition de trésors venus de Kyoto au Musée Cernuschi ( Paris 8e).

MUSIQUE. Un week-end commémoratif de la Grande Guerre, loin des champs de bataille

Foisonnement d’itinérances mémorielles sonores en ce week-end du 11-Novembre, qui sera musicalement poilu ou ne sera pas. On pourra commencer, dès vendredi 9 novembre, à la Cité de la Musique où Emmanuelle Bertrand jouera une copie du « Poilu », un violoncelle de guerre joué dans les tranchées par Maurice Maréchal, une histoire dans l’Histoire dévoilée en compagnie de l’acteur François Marthouret. Samedi, c’est en l’Eglise Saint-Louis-en-l’Ile que se commémorera le « Centenaire du 11 novembre 1918 » avec l’Ensemble Les Muses galantes et des récitant. L’Orchestre philharmonique de Radio France proposera, au Studio 104 de la Maison de la Radio, un « concert fiction » élaboré par France Culture autour des textes d’Apollinaire « Poèmes de la guerre et de la paix ». Avant de faire cause commune, le lendemain, avec le Chœur de l’Opéra de Silésie dans un spectacle intitulé « Shell Shock, A Requiem of War », œuvre puissante de Nicholas Lens sur un livret de Nick Cave qui explore le syndrome traumatique des soldats revenus de la guerre, mis en scène à la Philharmonie de Paris par Sidi Larbi Cherkaoui. Quant au Chœur de Paris et l’Orchestre Musici Europae, ils célèbreront, au Val de Grâce, « 100 ans d’armistice » avec les « Requiems » de Mozart et de Fauré, un concert repris le lendemain en l’Eglise Saint-Roch. Marie-Aude Roux

Philharmonie de Paris et Cité de la Musique, Paris 19e. Tél. : 01-44-84-44-84. De 18 € à 100 €. Le 9 novembre, à 20 h 30, et le 11 novembre, à 21 heures. Eglise Saint-Louis-en-l’Ile, Paris 4e. Tél. : 06-77-58-30-40. Participation libre. Le 10 novembre, à 16 heures. Maison de la Radio, Studio 104, Paris 16e. Tél. : 01-56-40-15-16. De 10 € à 25 €. Le 10 novembre, à 20 h 30. Eglise Notre-Dame du Val-de-Grâce, Paris 5e. Le 10 novembre, à 20 h 30 et Eglise Saint-Roch, Paris 1er. Tél. : 07-70-11-19-23. Tarif unique : 25 €. Le 11 novembre, à 16 heures.

THÉÂTRE D’OBJETS. Les récits autour d’une table de Naomi Yoeli, au Mouffetard

Teaser MY EX-STEPMOTHER-IN-LAW
Durée : 01:29

Saluée par la critique dans son pays comme une conteuse hors pair et une talentueuse femme de théâtre, l’Israélienne Naomi Yoeli se produit rarement en France. Autant de raisons pour ne pas manquer les quelques représentations de son spectacle My Ex-Stepmother-in-Law (2015) proposées, du 6 au 11 novembre, par Le Mouffetard – Théâtre des arts de la marionnette, en partenariat avec le Théâtre Dunois à Paris. Sur un sujet particulièrement délicat, l’Holocauste, elle met en place un dispositif scénique original autour d’une table ronde et d’objets miniatures (un minuscule piano, de la vaisselle en porcelaine, une boule d’argile, des photographies…). A chacun de ces objets symboliques, enfermés dans des tiroirs, qui sont désignés à l’aide d’une « roue du hasard » tournée par des volontaires choisis dans le public, correspond une histoire inspirée de la vie longue et mouvementée de la mère de son ex-mari (qui donne son titre au spectacle). Prénommée Agi, cette vieille dame, née en Ukraine, est une sculptrice, spécialiste de la céramique, qui vit à Tel-Aviv, une amatrice de bons petits plats et de récits en tous genres, avec laquelle l’artiste a partagé d’innombrables conversations pendant trente ans. Avec, toujours en filigrane, l’avant et l’après-Shoah. Une façon insolite de pénétrer dans l’intimité des souvenirs (et des non-dits) d’une survivante. Cristina Marino

« My Ex-Stepmother-in-Law », de et par Naomi Yoeli, spectacle présenté en français. Théâtre Dunois, 7, rue Louise-Weiss, Paris 13e. Tél. : 01-45-84-72-00. Tarifs : 10 €, 12 € et 16 €. Les vendredi 9 et samedi 10, à 20 heures, le dimanche 11 novembre, à 16 heures.

CIRQUE. Une production XXL de Robert Lepage pour le Cirque du Soleil, au bois de Boulogne

L’une des étranges créatures qui peuplent le nouveau spectacle du Cirque du Soleil, « Totem ». / MATT BEARD / OSA IMAGES / COSTUMES : KYM BARRETT / CIRQUE DU SOLEIL

Le metteur en scène canadien Robert Lepage s’attaque pour la deuxième fois à une mise en scène pour le Cirque du Soleil, la méga-entreprise de la piste. Après KÀ™, créé en 2004, il a écrit un scénario sur l’origine du monde et de l’humain. Intitulée Totem, cette production XXL comme le veut la marque brasse large. Elle convoque, sur une île qui ressemble à une tortue géante, les amphibiens, les Néandertaliens, les primates, les aborigènes pour finir dans la civilisation contemporaine. Un périple immense entre images traditionnelles et visions contemporaines servies avec des numéros de haute virtuosité (cerceaux, monocycles, trapèze, patins à roulettes, contorsion…) et l’esthétique flamboyante du Cirque du Soleil. Quarante-six artistes de dix-neuf pays donnent corps à Totem. Rosita Boisseau

« Totem », par le Cirque du Soleil. Grand Chapiteau, plaine de jeux de Bagatelle, bois de Boulogne, route de Sèvres, Paris 16e. Du mardi au vendredi, à 20 heures, le samedi, à 16 h 30 et à 20 heures, le dimanche, à 13 h 30 et à 17 heures. Billets également disponibles sur Livenation.fr

FESTIVAL. Visions d’exil, l’art sans frontières, au Palais de la porte Dorée

La deuxième édition de ce festival organisé par L’Atelier des artistes en exil se tient à Paris jusqu’au 2 décembre. / VISIONS D’EXIL 2018

L’Atelier des artistes en exil, lancé à Paris à l’été 2017 pour offrir aux artistes un espace de travail et de soutien pendant leurs démarches administratives, fait figure de rayon de soleil dans le paysage migratoire français. Une hospitalité créative qui est devenu en quelques mois le creuset d’artistes venus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, de la République démocratique du Congo, d’Ouganda ou encore du Soudan, hommes et femmes, réalisateurs, performeurs, poètes, danseurs, sculpteurs, photographes, musiciens… A l’automne 2017, le duo à l’origine de cette fragile maison des artistes, Judith Depaule et Ariel Cypel, concoctait un premier festival interdisciplinaire. La deuxième édition revient en force sur deux sites : au Palais de la porte Dorée, puis à la Cité internationale des arts (à partir du 16 novembre). Ce week-end fera la part belle aux visiteurs en famille, avec le spectacle musical Un nôtre pays ! (de Karam Alzouhir et Claire Audhuy), sur le parcours d’un jeune réfugié, et mêlant musiques expérimentale, orientale et jazz (vendredi 9 novembre, à 14 h 30 et 20 heures) et le spectacle en chansons Le Jeune Yacou (de Yacouba Konaté), sur le chemin d’exil d’un enfant de la Côte d’Ivoire jusqu’à la France, en passant par la Libye et la Méditerranée (samedi 10, à 15 heures). Deux films seront projetés samedi : Dialogues d’exilés, de Raoul Ruiz (16 heures), et Les Spectres hantent l’Europe, de Maria Kourkouta & Niki Giannari (18 h 30), avec un débat à la clé. Enfin, le dimanche sera festif, avec un « Bal hip-hop » (15 heures), conduit par Bouba Colorz, spécialiste du break-dance, ouvert à tous. Emmanuelle Jardonnet

Visions d’exil, Palais de la porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e. Entrée libre.

ARTS DU RÉCIT. L’ode pour un enfant à naître de Michèle Nguyen, au Petit Ney

La conteuse et écrivaine Michèle Nguyen dans « Amadouce ». / WWW.MICHELENGUYEN.COM

La conteuse et écrivaine Michèle Nguyen, récompensée par le Molière du spectacle jeune public pour Vy en 2011, s’est faite rare ces derniers temps sur la scène parisienne, ce qui rend d’autant plus appréciable sa présence au café littéraire associatif Le Petit Ney, samedi 10 novembre, dans le cadre de la soirée mensuelle organisée par le collectif Contes à croquer. Après une scène ouverte, de 19 h 30 à 20 h 15, où chacun(e) pourra prendre la parole pour raconter une histoire, et le traditionnel dîner végétarien préparé par Ivanne et Sidonie, Michèle Nguyen présentera, à partir de 21 heures, l’un de ses grands succès, Amadouce (créé en 2004, texte publié en 2009 aux Editions Lansman). Un récit autobiographique particulièrement émouvant sur ses neuf mois de grossesse avant la naissance de sa fille. Un spectacle, mis en scène par Alberto Garcia Sanchez, qui lui tient à cœur, comme elle l’écrit elle-même : « La création d’Amadouce a été un moment précieux dans mon parcours. Un moment de grande joie. Une joie que je retrouve intacte à chaque fois que je le joue. Celle de dire oui à un ventre qui s’arrondit. De se laisser sculpter par la vie. (…) Chaque mot de ce spectacle respire avec moi. » Un joli moment d’émotion en perspective. C. Mo.

« Amadouce », de et par Michèle Nguyen. Le Petit Ney, 10, avenue de la Porte-de-Montmartre, Paris 18e. Tél. : 01-42-62-00-00. Tarifs : 8 € (adhérent) et 12 € ; formule spectacle + un plat à 14 € (adhérent) et 17 €. Réservation obligatoire. Le samedi 10 novembre, à partir de 19 h 30.

DANSE. Variations autour de la contrainte par Ali Moini, au Centre Pompidou

« Gaugemancy », une chorégraphie d’Ali Moini. / FLORIAN SCHMITT

Le chorégraphe iranien Ali Moini creuse une réflexion toujours aiguisée sur les motifs de la contrainte qu’elle soit choisie ou non. Avec quatre interprètes en scène, sa nouvelle pièce, dont il a aussi signé la scénographie, s’intitule Gaugemancy. Dans la foulée de son solo Man Anam Ke Rostam Bovad Pahlavan (2016), dans lequel il dialoguait avec une machine métallique qui le manipulait comme un pantin, cette création fusionne le thème du collectif avec celui des différences entre force et pression pour évoquer les notions de résistance et de dépassement. « La pression engendre le changement. Il nous arrive de souhaiter en jauger l’étendue. Il nous arrive même, par miracle, de tomber juste », explique-t-il pour évoquer ce spectacle qui puise ses influences auprès des pratiques des sourciers et des lutteurs comme des artisans ou des pâtissiers. Gaugemancy juxtapose le verbe « gauge », qui veut dire « jauger » en français, et le suffixe « mancy », « mancie » en français, qui désigne un ensemble de croyances. R. Bu

« Gaugemancy », d’Ali Moini. Centre Pompidou, Paris 4e. Tarifs : de 9 € à 18 €. Les 9 et 10 novembre, à 20 h 30.

EXPOSITION. Kyoto dévoile ses trésors, au Musée Cernuschi

Nakamura Hochu : « Oiseau sur une branche de prunier », paravent à six panneaux, couleurs sur feuille d’or, Musée Hosomi, Kyoto. / MUSÉE CERNUSCHI

Il ne faut pas tarder pour se rendre au Musée Cernuschi, en bordure du parc Monceau dans le 8e arrondissement de Paris, afin d’y découvrir une rareté, une paire de paravents décorés de deux dieux, l’un du tonnerre, l’autre du vent, bondissant sur un décor doré à la feuille. Cette pièce, classée « trésor national du Japon », est l’un des joyaux de l’exposition « Trésors de Kyoto, trois siècles de création Rinpa », qui est l’occasion de découvrir des œuvres qui n’ont quasiment jamais quitté leur pays d’origine. Elles sont pour la plupart tellement précieuses qu’une rotation est prévue tous les mois d’ici à la fin de la présentation, le 27 janvier 2019, afin de les protéger, notamment de la lumière. Conçue par Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises du Musée Cernuschi, l’exposition réunit environ soixante pièces – peintures, gravures, paravents, éventails, céramiques, laques – réalisées par des artistes rattachés à la mouvance « Rinpa », dont l’origine remonte au XVIIe siècle à Kyoto, ancien berceau de la culture nippone. Un courant marqué par une forte présence de la nature, végétaux et animaux, et par le passage des saisons, qui s’est transmis de génération en génération d’artistes jusqu’à aujourd’hui. Sylvie Kerviel

« Trésors de Kyoto, trois siècles de création Rinpa », Musée Cernuschi, 7, avenue Vélasquez, Paris 8e. Tous les jours sauf lundi, de 10 heures à 18 heures. Tarifs : 9 € (réduit 7 €). Jusqu’au 27 janvier 2019.