Les autorités chargées de superviser les élections en Floride étudient des bulletins de vote, le 9 novembre, à Riviera Beach. / Josh Repogle / AP

On croyait en avoir fini avec le système de vote de la Floride, ces cartes perforées, parfois incomplètement, avec un confetti qui pendouillait, au point qu’il était impossible de les lire et d’interpréter le vote de l’électeur. C’était en l’an 2000, lors du scrutin qui conduisit finalement à l’élection de George W. Bush face au démocrate Al Gore. Dix-huit ans plus tard, le système a été changé à deux reprises, électronique jusqu’en 2008, puis manuel, avec des bulletins de vote papier à remplir au crayon, mais lus par des machines optiques – processus indispensable lorsque l’électeur doit répondre à plusieurs dizaines de questions.

Et pourtant. Quatre jours après les élections de mi-mandat du 6 novembre, la Floride ne sait toujours pas qui seront son gouverneur et son sénateur. Au soir du scrutin, le candidat démocrate Andrew Gillum, un Afro-Américain progressiste de 39 ans, a concédé la défaite face au républicain trumpiste Ron DeSantis. Le républicain Rick Scott, gouverneur sortant, a également revendiqué la victoire, mais son adversaire, Bill Nelson, sénateur démocrate sortant depuis le début du siècle, ne l’a pas reconnue.

Gouverneur : écart de 0,44 %

Vendredi 9 novembre, avec l’arrivée des derniers votes, le dépouillement de votes tardifs par correspondance, l’écart est minimal. Pour le poste de gouverneur, alors qu’il manque les résultats d’un bureau de vote, M. DeSantis devance son adversaire M. Gillum de 36 208 voix sur 8,2 millions, soit un écart de 0,44 %. Un écart inférieur à 0,5 point qui entraîne automatiquement un recomptage optique des bulletins, selon le code électoral de Floride.

Sénateur : écart de 0,18 %

Pour le Sénat, M. Scott ne devance son adversaire que de 15 071 voix sur 8,175 millions de voix, soit un écart de 0,18 %. Celui-ci étant inférieur à 0,25 %, la loi exige un recomptage manuel des bulletins. Les partisans de Bill Nelson sont intrigués de l’écart de suffrages exprimés entre le vote pour le poste de gouverneur et le poste de sénateur, qui atteint 35 000 voix, et qui peut s’expliquer de deux manières : le vote blanc d’une partie des électeurs, ou une erreur de comptage.

« Des gauchistes non éthiques essaient de voler cette élection »

Le resserrement de l’écart a conduit à une très grande nervosité dans le camp républicain. La lenteur de l’arrivée des résultats a conduit Rick Scott à déposer plainte pour fraude, jeudi soir : « Les habitants de Floride doivent savoir qu’il pourrait y avoir de la fraude rampante dans les comtés de Miami Beach et de Broward », deux bastions démocrates, a dénoncé M. Scott. « Nous avons tous constaté, depuis des années, l’incompétence et les irrégularités dans le décompte des votes des comtés de Broward et Palm Beach », a déclaré M. Scott, indiquant qu’il ne resterait pas inerte « pendant que des gauchistes non éthiques essaient de voler cette élection au grand peuple de Floride ».

Donald Trump a aussi dénoncé la « corruption » et la « fraude » dans ces deux comtés de Floride. Un porte-parole de Bill Nelson a expliqué au Wall Street Journal que « le but est que tous les votes de Floride soient décomptés, et décomptés justement. Les actes de Rick Scott apparaissent motivés politiquement et pris par désespoir ».

Les soixante-sept comtés de Floride ont jusqu’à samedi midi pour donner leurs résultats officiels. Au vu de ceux-ci, les recomptes seront ou non décidés. Un recomptage des votes des machines optiques doit être achevé jeudi 15 novembre avant 15 heures, et celui manuel avant le dimanche 18 novembre.

Décompte encore en cours en Géorgie et en Arizona

En Géorgie, la course pour le poste de gouverneur n’est pas achevée non plus, même si le républicain Brian Kemp s’est déjà autoproclamé vainqueur. Avec une avance de 53 000 voix, ce dernier estime que le nombre de bulletins restant à dépouiller est trop faible pour renverser la situation. Il supervisait sa propre élection du fait de ses fonctions de secrétaire d’Etat (l’équivalent d’un ministre de l’intérieur), jusqu’à sa démission, jeudi.

Son adversaire démocrate, Stacey Abrams, qui n’a cessé de dénoncer ce mélange des genres, espère de son côté que les derniers bulletins feront passer le pourcentage obtenu par son adversaire sous la barre de 50 % des suffrages exprimés. Auquel cas, un second tour serait organisé automatiquement entre ces deux candidats.

L’Arizona retient également son souffle depuis que le décompte des bulletins par correspondance a fait passer la démocrate Kyrsten Sinema devant celle qui semblait avoir course gagnée au soir des midterms, la républicaine Martha McSally. Les républicains de l’Etat ont engagé une procédure en justice pour annuler des bulletins envoyés par correspondance. Seulement 9 000 voix séparaient les deux femmes vendredi matin alors qu’il reste plusieurs milliers de bulletins à décompter. Ces opérations pourraient prendre jusqu’au 15 novembre.

Un renversement de situation dans ces trois Etats changerait considérablement la lecture de ces élections intermédiaires… au profit des démocrates.

Midterms : des démocrates perdants mais prometteurs
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