SIMON LANDREIN

Que tout change pour que rien ne change… Dieu sait si la célèbre assertion du Guépard de Lampedusa a été mise à toutes les sauces depuis cette année 2008 qui vit plonger la banque Lehman Brothers et avec elle toute l’économie mondiale. Elle résume pourtant à la lettre le défi que doivent depuis relever les écoles de commerce.

« Dans la crise de 2008, on ne peut passer sous silence le rôle de l’enseignement de la finance ». Michel-Henry Bouchet résume, dans l’entretien qu’il nous a accordé, le sentiment général : les leçons du tsunami des « subprimes » ont-elles été tirées pour l’enseignement supérieur des élites post-crise ? « Il reste un intérêt dominant, peut-être même une certaine fascination pour les salles de marché », observe cet auteur de Managing Country Risk in an Age of Globalization, professeur à Skema Business School.

Pour Yann Algan, il faut remonter encore plus loin : « Arrêtons d’enseigner l’économie comme si les trente dernières années n’avaient pas eu lieu ! », s’exclame le doyen de l’Ecole d’affaires publiques de Sciences Po Paris. En fait de risorgimento c’est un aggiornamento qui se fait attendre du côté des écoles. « Shut down the business school ! » lançait en avril 2008 Martin Parker dans une tribune cinglante du quotidien The Guardian. Le professeur à l’université de Bristol n’a pas vraiment changé d’avis : « Les promesses du passé n’ont pas été tenues », déplore-t-il.

Quelles sont-elles ces promesses ? Notre ensemble d’articles les recense ; les oubliées, les intenables et les autres. Cours de déontologie, de développement durable, entrepreneuriat social… Des écoles ouvrent le champ des possibles aux valeurs citoyennes. L’une d’elles, Grenoble EM, a même introduit un cours de… poker dans ses masters pour enseigner l’art du risque calculé. Une façon ludique de tirer les leçons de celui qui décrocha le « prix Nobel d’économie » en cette funeste année 2008, le professeur à Princeton et éditorialiste au New York Times Paul Krugman : « L’écart d’approximation entre le risque réel encouru et le risque théorique anticipé est l’une des raisons de la répétition des crises. »

La crise, l’éternel retour ? A HEC, on a attendu trois ans pour se poser la question et la soumettre aux postulants au concours. En 2011, le sujet ESH (économie, sociologie, histoire) de l’épreuve était intitulé « Sorties de crise ». Avec deux sous-questions : « Faut-il faire confiance aux mécanismes de marché ? » ou bien « privilégier une montée en puissance de l’Etat ? » – alternative classique et récurrente depuis ces fameuses années 1930 dont l’ancien banquier Emmanuel Macron redoute à son tour la répétition.

Plutôt que de ressasser le passé, Le Monde Campus se propose de regarder l’avenir. Les loups de Wall Street ne sont certes pas devenus en silence des agneaux. La petite musique du trading est toujours « in the mood » pour nombre de matheux. La croissance de l’offre et de la demande demeure robuste – avec ou sans Parcoursup – dans l’immense marché qu’est devenu le monde très « marketé » des business schools. Les facs se sont longtemps rêvées plus vertueuses, mais leurs IAE (Instituts d’administration des entreprises), pris dans le tourbillon de la concurrence public-privé, commencent à penser mondialisation, classements, esprit d’entreprise… Oui, décidément, rien ne change, mais tout change.

Participez au salon des grandes écoles du « Monde », samedi 10 et dimanche 11 novembre

La 13e édition du Salon des grandes écoles (SaGE) a lieu samedi 10 et dimanche 11 novembre à Paris, aux Docks, Cité de la mode et du design (13e arrondissement), de 10 heures à 18 heures.

Plus de cent cinquante écoles de commerce et d’ingénieurs, IAE, IEP, écoles spécialisées, prépas seront représentés lors du salon, permettant d’échanger sur les différents programmes et leur accessibilité (post-bac, post-prépa ou après un bac +2, +3 ou +4). Lycéens, étudiants et parents pourront assister à des conférences thématiques animées par des journalistes du Monde Campus. Une équipe de vingt « coachs » sera à leur disposition pour les conseiller, les aider à définir leur projet d’orientation, préparer les concours, rédiger leur CV...

L’entrée du SaGE est gratuite, la préinscription en ligne est conseillée pour accéder plus rapidement au Salon. Liste des exposants et informations pratiques sont à retrouver sur le site Internet du SaGE.

Ce salon a été précédé de la publication de nos suppléments dédiés aux écoles d’ingénieurs (dans Le Monde daté du mercredi 7 novembre et en ligne en suivant ce lien ) et aux écoles de commerce (dans Le Monde daté du jeudi 8 novembre et sur Le Monde.fr Campus ici).