Taoufiq Bouachrine à la sortie du tribunal, à Casablanca le 1er octobre 2009. / STR / AFP

Le patron de presse marocain Taoufik Bouachrine a été condamné, dans la nuit de vendredi 9 à samedi 10 novembre, à 12 ans de prison ferme pour des violences sexuelles qu’il a toujours niées, a appris l’Agence France Presse (AFP) auprès de son avocat Mohamed Ziane. Ses avocats avaient plaidé pour son acquittement au terme d’un long procès à huis clos ouvert depuis le 8 mars.

Arrêté en février et incarcéré depuis, le directeur du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum était jugé par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol » et risquait 20 ans de prison.

Invité à prendre une dernière fois la parole vendredi avant les délibérations, le patron de presse s’est à nouveau dit « victime d’un procès politique à cause de sa plume », selon son avocat.

Un procès avec plusieurs rebondissements

Le tribunal l’a reconnu coupable de toutes les charges retenues contre lui et a octroyé aux victimes des indemnisations allant de 100 000 à 500 000 dirhams (environ 9 000 à 46 000 euros). La partie civile estime que « les indemnisations ne sont pas à la hauteur des préjudices » et a décidé de faire appel, a indiqué Me Mohamed Kerout à l’AFP.

L’accusation repose notamment sur deux plaintes, trois témoignages à charge et cinquante vidéos saisies dans son bureau lors de son arrestation. Ces images très explicites, dont certaines ont fuité dans la presse, démontrent « des pratiques abjectes », selon les avocats des plaignantes. La défense, elle, assure qu’il s’agit de « montages ». Une expertise technique menée à la demande du parquet et des parties civiles a confirmé l’authenticité des vidéos. Selon la défense, cependant, les images ne permettent pas d’identifier formellement Taoufik Bouachrine.

L’affaire a connu plusieurs rebondissements depuis l’ouverture du procès : quatre femmes citées comme « victimes » par l’accusation ont démenti être concernées. L’une d’elle a été condamnée à six mois de prison ferme pour avoir accusé la police d’avoir falsifié sa déclaration, une peine confirmée en appel cette semaine. D’autres ont refusé de se présenter devant le tribunal. Au final huit des quinze parties civiles citées à l’origine par l’accusation ont été reconnues comme victimes et indemnisées, selon les avocats de la partie civile.