Pour les nostalgiques, le scénario de cette arrivée de la Route du rhum 2018 renvoie à sa première édition en 1978. Après 23 jours, six heures et 56 minutes, le Canadien Mike Birch, à bord de son petit trimaran jaune Olympus, devançait, pour 98 secondes à Pointe-à-Pitre, Michel Malinovsky, à la barre de l’immense Kriter V. Le Français pensait, pourtant, avoir course gagnée. « Seule la victoire est jolie », lâchera le malheureux deuxième dans une formule restée célèbre.

Et si Francis Joyon imitait Birch quarante ans plus tard ? Encore chimérique il y a vingt-quatre heures, une victoire est désormais possible pour le vétéran français (62 ans) qui revient très fort sur le leadeur de la course, François Gabart (35 ans), à quelques heures de l’arrivée de la transatlantique, prévue dimanche soir à Pointe-à-Pitre, entre 23 heures et minuit, selon les dernières estimations.

Les Antilles en ligne de mire, Joyon (Idec Sport) vole sur l’Atlantique, à plus de 31 nœuds de moyenne sur ces trois dernières heures. Au dernier pointage à 12 heures, Gabart (Macif) n’avait plus que 27 milles marins (50 kilomètres) d’avance sur son rival. L’écart était encore samedi soir de 105 milles…

Gabart se prépare au sprint

« Cela promet un finish assez palpitant, un tour de Guadeloupe côte à côte ou, en tout cas, pas très loin l’un de l’autre, ça peut être un scénario et je me prépare à ça », a dit Gabart lors d’une vacation dimanche matin avec le PC course. « Et je me prépare pour être performant si on est côte à côte sur le tour de la Guadeloupe, ce n’est jamais simple surtout avec nos bateaux et avec le parcours imposé, très proche de la terre. C’est loin d’être simple, l’histoire, et ça risque de mettre du piment jusqu’au bout », estime celui qui avait remporté l’édition 2014 dans la catégorie Imoca (les monocoques).

De son côté, Francis Joyon n’a jamais aussi été proche de la victoire en sept participations à la Route du rhum. En 2010, le natif d’Eure-et-Loir avait terminé deuxième derrière Franck Cammas sur Groupama 3. Ironie de l’histoire, son bateau sur cette édition 2018 n’est autre que celui de Cammas lors de son triomphe. Quatre ans plus tard, Loïck Peyron remportait la transatlantique sur ce même Ultime (appelé Banque-Populaire VII). Jamais deux sans trois ?

Partis le dimanche 4 novembre à 14 h 02 précisément, Gabart et Joyon pourraient battre le record établi il y a quatre ans par Loïck Peyron en 7 jours et 15 heures. Pour cela, le vainqueur doit couper la ligne avant 00 h 08 heure locale (05 h 08 en métropole). Mais les deux marins le savent bien : tout se jouera à l’arrivée, périlleuse et « traditionnellement très tactique », se rappelait samedi Francis Joyon, détenteur du record du tour du monde en équipage (40 j 23 h).