Un Airbus  A330-800 décolle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le 6 novembre 2018. / REMY GABALDA / AFP

L’Etat doit mieux maîtriser les investissements étrangers dans les aéroports en France, estime la Cour des comptes dans un rapport, consulté, lundi 12 novembre, par l’Agence France-Presse (AFP). Les « sages » de la rue Cambon recommandent de tirer les leçons de « l’échec » de la privatisation de Toulouse, remporté par un consortium chinois.

Ce rapport sur « le processus de privatisation des aéroports de Toulouse, Lyon et Nice » intervient alors que l’Assemblée nationale a autorisé en octobre le processus de privatisation de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), qui gère notamment les aéroports parisiens d’Orly et de Charles-de-Gaulle.

Craintes sur l’acquéreur de Toulouse

En avril 2015, l’Etat avait vendu 49,99 % du capital de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse à Casil Europe, holding français créé par le groupe d’Etat chinois Shandong High Speed Group et le fonds d’investissement hongkongais Friedmann Pacific Asset Management.

La Cour des comptes critique « un acquéreur dont le profil soulève des inquiétudes », quant à « son manque d’expérience en matière de gestion aéroportuaire », « son manque de transparence financière » et ses « liens avec la puissance publique chinoise ».

Le montage initial de l’achat des parts par le consortium chinois faisait intervenir trois sociétés intermédiaires « dont l’une était domiciliée aux îles Caïmans et une autre au Luxembourg ». Cet épisode a fait « apparaître la nécessité de renforcer les exigences en matière de contrôle de l’origine des fonds », soulignent les « sages ».

Quant aux liens des acquéreurs de Toulouse avec les autorités chinoises, la Cour craint « une acquisition qui ne soit pas seulement dictée par des préoccupations d’investisseur », mais qui « s’inscrive dans le cadre d’une stratégie d’influence plus globale de la puissance chinoise ».

Une privatisation « inaboutie »

La privatisation demeure donc « inaboutie », selon le rapport qui souligne « la situation, ambiguë et instable, d’une entreprise, dont le capital est majoritairement public, mais dont le contrôle appartient à l’actionnaire privé par l’effet du pacte d’actionnaires qu’il a conclu avec l’Etat ».

Le processus a toutefois été « amélioré » lors des privatisations de Nice – remporté par un consortium italo-français mené par Atlantia – et de Lyon – acquis par un consortium français mené par Vinci Airports – avec des « critères de recevabilité des candidats plus exigeants » et « des exigences de transparence financière renforcées », concède la Cour.

Enjeu financier pour l’Etat, les privatisations des trois aéroports ont rapporté 2,06 milliards. Le rapport préconise que la demande d’autorisation au ministre de l’économie en cas d’investissements étrangers lui soit transmise plus en amont, par exemple au niveau de la recevabilité des candidatures.