Selon les données d’Airparif, 1,3 million de Franciliens (dont un Parisien sur deux) sont exposés à des niveaux de dioxyde d’azote (NO2) qui dépassent les limites fixées par l’Union européenne. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Paris ne sera bientôt plus la seule ville à bannir les véhicules les plus polluants. Le conseil de la métropole du Grand Paris a adopté, lundi 12 novembre, le principe de la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE), à partir de juillet 2019, dans le périmètre de l’anneau formé par l’A86, soit au niveau de 79 communes. Cette ZFE s’appliquera d’abord aux véhicules classés Crit’Air 5, c’est-à-dire aux diesels immatriculés avant 2001. Sur le modèle de la restriction déjà en vigueur dans la capitale, ils ne pourront plus circuler en semaine entre 8 heures et 20 heures.

Cette interdiction sera ensuite progressivement étendue aux autres catégories de véhicules avec l’objectif de rattraper le calendrier de Paris – qui interdira les Crit’Air 4 dès juillet – en 2021, avec l’objectif de bannir tous les diesels d’ici à 2024 et les véhicules essence à l’horizon 2030.

« C’est une mesure historique », s’est félicité le président de la métropole, Patrick Ollier, rappelant que « la pollution de l’air tue chaque année entre 5 000 et 6 000 personnes » à l’échelle du territoire métropolitain. « C’est aussi un acte de courage politique, a souligné l’élu Les Républicains (LR). Car je sais, en tant que maire de Rueil-Malmaison [Hauts-de-Seine], qu’une grande partie de mes administrés vont me le reprocher. »

La crainte et la menace des maires

Dans le contexte de grogne sociale contre la hausse du prix des carburants, plusieurs élus de droite comme de gauche ont fait entendre leur crainte que cette décision soit vécue comme un nouvel assaut d’« écologie punitive » et laissé planer la menace de ne pas signer les arrêtés municipaux nécessaires à la mise en œuvre de la ZFE. Ainsi du maire (LR) d’Asnières-sur-Seine, Manuel Aeschlimann : « Certains maires, dont je suis, seront amenés à ne pas signer les arrêtés municipaux, si l’Etat et la région ne sont pas au rendez-vous d’ici juillet en matière d’aides pour changer de véhicule ou d’offres de transport alternatif à la voiture. »

Pour déminer le terrain, Patrick Ollier rappelle que le choix de limiter dans un premier temps l’interdiction aux seuls véhicules Crit’Air 5 est « la mesure la moins pénalisante », ces derniers représentant « moins de 1 % du parc roulant ». Les écologistes auraient souhaité que la métropole s’aligne sur Paris en interdisant les Crit’Air 4 (diesels en circulation avant 2006) dès juillet 2019. Pour être efficace en termes de santé publique, la ZFE doit inclure le plus de véhicules possible.

Selon les données d’Airparif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, 1,3 million de Franciliens – dont un Parisien sur deux – sont exposés à des niveaux de dioxyde d’azote (NO2) qui dépassent les limites fixées par l’Union européenne (40 µg/m3 en moyenne annuelle). Le NO2 est un gaz toxique émis majoritairement par le trafic routier et principalement par les motorisations diesel. Airparif a étudié l’impact qu’aurait la mise en place d’une ZFE interdisant jusqu’aux véhicules Crit’Air 3 (diesels en circulation avant 2010 et essence immatriculés avant 2006) : la part d’établissements recevant du public dits « sensibles » (crèches, écoles ou hôpitaux) soumis à des dépassements de NO2 passerait de 27 % à 1,5 %.