Comprendre les origines de la guerre et l’état catastrophique du Yémen
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Des combats particulièrement meurtriers font rage lundi 12 novembre dans la ville portuaire d’Hodeïda. Au moins 110 rebelles, 32 loyalistes et sept civils ont été tués en vingt-quatre heures dans les combats pour le contrôle de cette ville portuaire de l’ouest du Yémen, ont rapporté lundi à l’Agence France-Presse (AFP) des sources militaires et hospitalières. Washington et Londres accentuent la pression sur l’Arabie saoudite pour que la coalition qu’elle commande dans ce pays cesse rapidement les hostilités.

Assiégés, les rebelles houthistes opposent une farouche résistance dans certains quartiers d’Hodeïda à la progression des forces progouvernementales appuyées par l’Arabie saoudite, a admis une source militaire loyaliste. A l’intérieur de la ville, les rebelles, les houthistes venus du nord du pays, sont soutenus par l’Iran et tiennent aussi la capitale, Sanaa. Autour, les forces progouvernementales sont soutenues dans les airs par l’Arabie saoudite du prince héritier Mohammed Ben Salman et au sol par les Emirats arabes unis, adversaires déclarés de Téhéran.

Une source de la coalition antirebelles a expliqué que les houthistes avaient repoussé une offensive loyaliste en direction du port. La coalition a de son côté visé les rebelles avec de multiples frappes aériennes, selon des sources militaires loyalistes. Dans la nuit, des corps carbonisés ont été amenés à l’hôpital militaire Al-Alfi, contrôlé par les rebelles depuis 2014, ont communiqué des sources de cet établissement.

L’inquiétude grandit notamment pour les civils, des combats de rue ayant éclaté dimanche dans un quartier résidentiel de l’est de Hodeïda. « La situation est vraiment mauvaise », a déclaré à l’AFP Mariam Aldogani, coordinatrice des opérations de terrain de l’organisation humanitaire Save the Children à Hodeïda. Selon elle, les installations médicales « reçoivent un nombre croissant de civils blessés ».

Les Etats-Unis et la Grance-Bretagne appellent à la négociation

STRINGER / AFP

Tour à tour, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et son homologue britannique, Jeremy Hunt, ont estimé que le temps de la négociation était venu.

Lors d’un entretien dimanche avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, également ministre de la défense, M. Pompeo a explicitement appelé à « la fin des hostilités » au Yémen, demandant que « toutes les parties viennent à la table pour négocier une solution pacifique au conflit ».

L’administration états-unienne de Donald Trump, visiblement sous la pression du Congrès, a confirmé l’annonce samedi par Riyad que la coalition sous commandement saoudien au Yémen allait désormais effectuer elle-même le ravitaillement en vol de ses avions, assuré jusqu’ici par les Etats-Unis.

De son côté, Jeremy Hunt a évoqué le coût humain « incalculable » du conflit yéménite, estimant que sa résolution passe par une solution « politique ».

Le ministre britannique, qui doit être reçu au plus haut niveau lundi en Arabie saoudite, est favorable à une « nouvelle action » au Conseil de sécurité pour soutenir les efforts du médiateur de l’Organisation des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths, qui cherche à organiser de nouvelles négociations « d’ici à la fin de l’année ».

Importance stratégique

L’offensive des forces progouvernementales sur Hodeïda avait été lancée en juin, mais elle s’est nettement intensifiée depuis le 1er novembre avec un bilan d’au moins 592 morts jusqu’ici (460 rebelles, 125 loyalistes et 7 civils), selon des sources militaires et des médecins.

Hodeïda, grande ville de la côte occidentale du Yémen sur la mer Rouge, revêt une importance stratégique car c’est le point d’entrée de plus des trois quarts des importations et de l’aide humanitaire internationale dans le pays en guerre.

Alors que les combats se poursuivent, le Yémen est toujours rongé par ce qui est considéré par l’Organisation des Nations unies comme la pire crise humanitaire au monde. Quatorze millions de personnes sont, désormais, au bord de la famine.