Mark Zuckerberg avait été entendu en avril 2018 par le Congrès américain. / Zach Gibson / AFP

C’est un nouveau camouflet de la part de Mark Zuckerberg. Le patron de Facebook a refusé, dans une lettre datée du lundi 12 novembre, d’apparaître devant les représentants de cinq parlements réunis : britannique, canadien, argentin, australien et irlandais. Tous voulaient entendre, à l’occasion d’une audience extraordinaire programmée le 27 novembre à Londres, le jeune milliardaire sur les questions très sensibles des fausses informations et de la façon dont le réseau social peut être utilisé à des fins d’ingérence électorale.

Mark Zuckerberg avait déjà décliné, une première fois, l’invitation lancée le 31 octobre par des parlementaires britannique (Damian Collins) et canadien (Bob Zimmer) pour cette audience, qui ne rassemblait alors que ces deux pays. Les représentants du patron américain avaient donné pour explication, dans leur lettre de refus, que Mark Zuckerberg n’était pas en mesure de se rendre à Londres le 27 novembre. Ils avaient en outre assuré que Facebook était « prêt à travailler » avec cette commission conjointe. Mais, tonnent les parlementaires britanniques dans une lettre envoyée à Facebook le 7 novembre, l’entreprise n’a proposé « aucun moyen de concrétiser cette coopération ».

Rejointe par trois autres pays, cette commission, « la première en son genre », a réitéré son invitation dans cette lettre, évoquant « l’urgence » de cette audience « qui n’a que trop tardé ». Et soulignant que ces cinq pays représentaient, à eux seuls, pas moins de 170 millions d’utilisateurs du réseau social.

Appel aux internautes

Lundi, Facebook a donc décliné cette nouvelle invitation, invoquant à nouveau l’indisponibilité de Mark Zuckerberg, qui « fait part de ses excuses », peut-on lire dans cette missive obtenue par CBS. Bob Zimmer a signalé à la chaîne américaine n’avoir toutefois eu aucune information, de la part de Facebook, d’une éventuelle disponibilité future de Mark Zuckerberg.

Que peut-il se passer désormais ? Bob Zimmer a indiqué que la commission apporterait bientôt une réponse à Facebook, et qu’il n’excluait pas la possibilité d’une citation à comparaître devant le Parlement canadien. Une porte-parole de la commission parlementaire britannique sur le numérique a, quant à elle, indiqué à CBS qu’il était envisageable que les parlements d’autres pays se joignent à l’invitation du 27 novembre.

Cette même commission britannique a d’ailleurs usé d’un autre stratagème, lundi, pour accentuer la pression sur le PDG en publiant un message sur les réseaux sociaux interpellant les internautes :

« Cinq parlements de différentes régions du monde, qui représentent 170 millions d’utilisateurs de Facebook, demandent à Mark Zuckerberg de venir témoigner. Retweetez si vous pensez qu’il devrait venir et répondre aux questions le 27 novembre. »

Mark Zuckerberg sous pression

Depuis la campagne présidentielle américaine de 2016, durant laquelle Facebook a été exploité comme canal de désinformation et de tentative d’ingérence dans le processus électoral, les autorités de différents pays s’intéressent de près à Mark Zuckerberg. La pression s’est accentuée au printemps, avec le scandale Cambridge Analytica : des dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook ont alors découvert que leurs données avaient été indirectement aspirées par une entreprise spécialisée dans l’influence politique et proche de Donald Trump.

Mark Zuckerberg avait fini par s’expliquer devant le Congrès américain en avril, au cours de deux éprouvantes audiences de plusieurs heures. Il avait également été entendu en mai par des parlementaires européens dans une audience d’une heure et demie seulement, essentiellement occupée par les questions des eurodéputés – un format contesté par plusieurs d’entre eux.

Affaire Cambridge Analytica : pourquoi c’est grave pour Facebook et ses utilisateurs
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