Des manifestants brandissent les portraits de victimes de l’effondrement d’immeubles dans le centre de Marseille, lors d’une « marche de la colère » le 14 novembre. / SYLVAIN THOMAS / AFP

« Sang sur les mains, menottes aux poignets », « Elus, responsables, que la justice passe » : des milliers de manifestants en colère ont défilé mercredi 14 novembre à Marseille. La « marche de la colère » est partie de la rue d’Aubagne, où l’effondrement d’immeubles délabrés a fait huit morts il y a dix jours, jusqu’à l’hôtel de ville.

Organisée à l’appel d’un « Collectif du 5 novembre », date du drame à Noailles, le cœur populaire de la ville, cette manifestation a rassemblé 8 000 personnes selon la préfecture de police. Brandissant les portraits de plusieurs des victimes, cinq hommes et trois femmes, elles sont descendues sur le Vieux-Port en scandant « Gaudin assassin, Gaudin démission », ou encore « Mairie, métropole, région : tous coupables ».

La tension est montée après 19 heures, quand les manifestants se sont heurtés au cordon des forces de l’ordre qui interdisaient l’accès à l’hôtel de ville. Fumigènes et pétards côté manifestants, gaz lacrymogènes de l’autre : un face-à-face houleux, tandis que le cortège commençait à se disperser.

Le maire sous le feu des reproches

Très critiqué, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, avait pour la première fois reconnu dimanche n’avoir « pas assez fait » pour lutter contre l’habitat insalubre. Sa déclaration intervenait au lendemain d’une « marche blanche » qui avait rassemblé des milliers d’habitants ayant appelé à sa démission, sous les balcons de l’hôtel de ville.

Dans un courrier adressé mardi au maire de Marseille et à Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du département des Bouches-du-Rhône, les ministres du logement, Julien Denormandie, et de la cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, ont « proposé l’accompagnement de l’Etat », notamment pour la mise en sécurité des bâtiments, via un diagnostic mené « sans délais », ou pour une « lutte sans merci contre les marchands de sommeil ».

« Il apparaît opportun de mettre rapidement en œuvre le protocole de lutte contre le logement indigne conclu (…) en décembre 2017 », soulignait notamment ce texte, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas « de faire depuis Paris à la place des collectivités ».

Mardi, une série de perquisitions ont eu lieu dans différents services de la mairie de Marseille et au siège du bailleur social propriétaire d’un des immeubles effondrés, dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Marseille pour connaître les causes de l’effondrement et établir d’éventuelles responsabilités.