La lutte contre la résistance aux antibiotiques va bénéficier de 40 millions d’euros d’investissement. C’est ce qu’a annoncé la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal, mercredi 14 novembre, à l’occasion d’un colloque interministériel sur l’antibiorésistance. Ce programme sera coordonné par l’Inserm. Il s’agit de « comprendre les mécanismes d’apparition et de diffusion des résistances et découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques ».

Parallèlement, le ministère de la santé lance un logo pour alerter sur la surconsommation des antibiotiques, qui fait de la France le sixième pays européen le plus affecté par la résistance aux antibiotiques avec 125 000 infections et 5 500 morts, après l’Italie, la Grèce, la Roumanie, le Portugal et Chypre.

33 000 morts imputables à des bactéries résistantes

Une étude parue au début du mois dans la revue The Lancet Infectious Diseases chiffrait à 33 000 le nombre de morts imputables à des bactéries résistantes aux antibiotiques en 2015 dans l’Union européenne. Ces bactéries résistantes ne mettent pas seulement des vies en danger mais pèsent également sur les systèmes de santé : elles pourraient entraîner jusqu’à 3,5 milliards de dollars de dépenses annuelles d’ici 2050 dans chaque pays de l’OCDE, selon un rapport publié le 7 novembre, soit plus que la grippe, le sida et la tuberculose.

En France, la première grande campagne de lutte contre la surconsommation d’antibiotiques date de 2002 avec le slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique ». A l’occasion du colloque est dévoilé un logo portant la mention « ils sont précieux, utilisons-les mieux », qui sera diffusé sur les réseaux sociaux et apposé dans tous les documents officiels. Mais il ne s’accompagne d’aucune campagne grand public, ni d’achat d’espace dans les médias audiovisuels, précise le ministère. La France a pour objectif une baisse de 25 % de la consommation d’antibiotiques d’ici 2020.

Dans le domaine de la santé animale, de gros progrès ont également été faits, selon un bilan publié mardi par l’agence de sécurité sanitaire Anses. Depuis le premier plan publié en 2011 visant une réduction de 25 % des antibiotiques en cinq ans (2012-2016), l’exposition des animaux a baissé de 37 %.