Dmitri Rybolovlev et le prince Albert II de Monaco, le 23 août 2016 dans la principauté. / VALERY HACHE / AFP

Les jours de Dmitri Rybolovlev à la tête de l’AS Monaco sont-ils comptés ? Alors que le milliardaire russe est poursuivi dans une affaire de corruption sur le Rocher, le prince Albert II de Monaco a évoqué son avenir dans le club de football dans une interview donnée, vendredi 16 novembre, à Mediapart : « Il faut laisser faire la justice jusqu’au bout. Si jamais tout cela était avéré, je pense qu’il se retirera de lui-même. »

« Pour l’instant, il faut respecter la présomption d’innocence, à moins que lui-même décide de mettre fin à sa présidence de l’AS Monaco. Mais pour l’instant on ne peut pas précipiter les choses », a expliqué le souverain de la principauté au site d’investigation qui l’interrogeait dans le cadre des « Football Leaks ». C’est la première fois que le prince Albert II s’exprime dans une affaire qui secoue la principauté depuis plusieurs mois.

Au début de novembre, l’ancien ministre de l’intérieur Paul Masseron et trois hauts dirigeants policiers, tous soupçonnés d’avoir été sous l’influence du patron de l’AS Monaco, ont été poursuivis pour trafic d’influence passif et violation du secret de l’instruction présumés. Dmitri Rybolovlev est au cœur de l’information judiciaire ouverte voilà un an par le parquet général de Monaco pour des faits de « corruption », « trafic d’influence actif et passif » et complicité de ces délits.

Plusieurs policiers impliqués

A l’origine de cette affaire il y a une plainte déposée par le milliardaire russe contre l’ancien marchand d’art Yves Bouvier, qu’il accuse de l’avoir escroqué de 1 milliard de dollars en appliquant des marges exorbitantes lors de la vente de tableaux. Mais au fil de l’enquête, les policiers ont pu exploiter les informations du téléphone portable de l’avocate de Dmitri Rybolovlev, mettant au jour un scandale d’une toute autre ampleur.

Comme l’avait révélé Le Monde dans son enquête, de nombreux textos issus du smartphone de Me Bersheda faisaient en effet état des relations suivies entre M. Rybolovlev et Philippe Narmino, alors ministre de la justice monégasque : week-end tous frais payés dans la résidence suisse de l’oligarque, à Gstaad, envoi de cadeaux, dîners fins, etc. Plusieurs policiers de haut rang sont aussi susceptibles d’être impliqués dans ce scandale aux allures de « Monacogate ». Après être parti plusieurs jours en Russie, M. Rybolovlv, dont le club monégasque est mal en point en Ligue 1 cette saison, est revenu à Monaco le week-end dernier.