• Karlheinz Stockhausen
    Historic First Recordings of The Klavierstücke

    Klavierstücke I-VIII et XI par David Tudor (piano)

Pochette de l’album « Historic First Recordings of the Klavierstücke », de Karlheinz Stockhausen par le pianiste David Tudor. / HAT HUT / OUTHERE MUSIC

Les Klavierstücke de Karlheinz Stockhausen (1928-2007) sont devenues des références aussi indiscutables du répertoire de piano au XXe siècle que les Etudes de Claude Debussy. Quelle chance de pouvoir les réécouter aujourd’hui dans les interprétations historiques (1958-59) de David Tudor ! Du pointillisme acéré des quatre premières pièces (dans le sillage d’Olivier Messiaen) à la fantaisie galactique de la XIe (dont Tudor, le dédicataire, offre ici quatre versions pleines de poésie), c’est toute l’avant-garde des années 1950 qui réapparaît dans sa splendeur pour, entre autres, invalider l’académisme qui en a résulté pendant deux décennies. Pierre Gervasoni

1 CD Hat Hut/Outhere Music.

  • Charles Mingus
    Jazz In Detroit/Strata Concert Gallery/46 Selden

Pochette du coffret « Jazz In Detroit/Strata Concert Gallery/46 Selden », de Charles Mingus. / 180 PROOF RECORDS-STRATA RECORDS-BBE RECORDS / DIFFER-ANT

Du 13 au 18 février 1973, le contrebassiste Charles Mingus et les quatre musiciens de son groupe d’alors sont à la Strata Concert Gallery, à Détroit (Michigan), lieu culturel qui présente des concerts, des expositions, abrite un café, une petite compagnie de disques. La première soirée du 13 février est diffusée en direct par la station de radio locale WDET. Son enregistrement est dorénavant mis à la disposition du public dans ce coffret de 5 CD. Soit trois heures de musique, avec de longs développements à partir des thèmes, dont un inédit, Dizzy Profile. Emmenés par Mingus, Don Pullen au piano, John Stubblefield au saxophone, Joe Gardner à la trompette et Roy Brooks à la batterie mêlent le spontané et l’écrit, sonnant parfois dans les unissons de vents comme un big band. Si le son est parfois brouillon, avec des défauts d’équilibre entre les instruments, ce document est une passionnante illustration de la force expressive de la musique de Mingus, tout imprégnée de blues et de gospel, aux portes du free par endroits. Sylvain Siclier

1 coffret de 5 CD 180 Proof Records-Strata Records-BBE Records/Differ-ant.

  • Maisha
    There Is a Place

Pochette de l’album « There Is a Place », de Maisha. / BROWNSWOOD RECORDINGS / BIGWAX DISTRIBUTION

Régulièrement, la scène jazz anglaise fait parler d’elle, avec l’émergence de nouveaux musiciens talentueux et inventifs. Dont le septette Maisha, mené par le batteur Jake Long, dont vient de paraître ce superbe album, There Is a Place. En cinq compositions, le groupe, augmenté ici d’un quatuor à cordes, d’une harpiste et d’un trompettiste, voyage vers les envolées à portées spirituelles entendues chez John Coltrane ou Pharoah Sanders (Osiris, superbe ouverture de l’album) et l’influence des musiques des Caraïbes (Eaglehurst/The Palace, où la saxophoniste, par ailleurs flûtiste, Nubya Garcia évoque la puissance de Sonny Rollins). L’alliance de la guitare (Shirley Tetteh), des claviers (Amané Suganami) des vents, de la rythmique avec deux percussionnistes et des cordes, donne une musique souvent étincelante, à l’écriture sophistiquée, claire dans son traitement mélodico-harmonique, maîtrisée dans l’interprétation et les idées musiciennes. S. Si.

1 CD Brownswood Recordings/Bigwax Distribution.

  • Divers artistes
    Two Niles to Sing a Melody – The Violins & Synths of Sudan

Pochette de l’album « Two Niles to Sing a Melody », par divers artistes. / OSTINATO RECORD / BIGWAX DISTRIBUTION

Créé par l’Indo-Américain Vik Sohonie, ancien journaliste, concepteur de passionnantes compilations racontant l’histoire musicale des pays en lien avec leur histoire politique, le label américain Ostinato Records propose une traversée épatante de l’âge d’or de la musique et de la chanson citadines soudanaises (années 1970 et 1980). Une musique pop combinant des éléments arabes, africains et occidentaux, brassant violons, percussions, accordéon et, à partir des années 1980, synthés et boîtes à rythmes. Ont été rajoutés quelques enregistrements, faits dans les années 1990, de musiciens en exil, après le putsch du général Al-Bachir, en 1989, et l’arrivée d’un gouvernement religieux extrémiste muselant l’effervescente scène musicale de Khartoum. Au fil des plages défilent de rares chanteuses (Hanan Bulu Bulu et Samira Dunia) et des crooners magnifiques tels que Abdel El Aziz Al Mubarak (l’un des ambassadeurs les plus connus de la musique urbaine soudanaise, à l’instar d’Abdel Gadir Salim, étonnamment absent ici), ou encore le chanteur activiste Mohammed Wardi, souvent évoqué comme le « Fela » soudanais. Patrick Labesse

2 CD format livre avec livret 34 p., ou 3 vinyles Ostinato Record/Bigwax Distribution.

  • Vanessa Paradis
    Les Sources

Pochette de l’album « Les Sources », de Vanessa Paradis. / BARCLAY / UNIVERSAL

Cinq ans après Love Songs, que lui avait façonné Benjamin Biolay, Vanessa Paradis baigne son septième album, Les Sources, d’une nouvelle lumière amoureuse. Auteur-compositeur de la moitié des douze chansons, le romancier, acteur et cinéaste Samuel Benchetrit, mari de la chanteuse depuis le 30 juin dernier, n’est évidemment pas pour rien dans ce miroitement sentimental. Un chatoiement délicat souligné aussi par une production confiée à l’Américain Paul Butler, du groupe psychédélique The Bees, jouant avec classe de langueurs acoustiques, d’électricité hypnotique et de cordes irisées. Ces arrangements servent parfois à masquer le talent mélodique limité du « metteur en scène » qui, à l’exception de Kiev et On oubliera (évoquant Les Amours perdues de Gainsbourg), peine à ficeler de vraies bonnes chansons (l’anesthésiant Ces Mots simples). Le chant un peu monochrome de Vanessa Paradis a besoin des refrains plus enlevés du franco-italien Fabio Viscogliosi (La Plage, Mio Cuore) ou du BB Brunes, Adrien Gallo (Ce que le vent nous souffle) pour prendre des couleurs. Stéphane Davet

1 CD Barclay/Universal Music.