Emmanuel Macron et Angela Merkel, à Berlin, dimanche 18 novembre. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

A six mois des élections européennes, l’heure est à l’union affichée pour Emmanuel Macron et Angela Merkel, malgré leurs divergences sur le fond, et alors que tous deux sont affaiblis par des contestations sur le plan intérieur. En visite à Berlin dimanche 18 novembre, le chef de l’Etat français a participé en fin de matinée à une rencontre avec des jeunes sur le thème de la paix, avant de prononcer un discours devant la chambre des députés du pays. En fin de journée, il doit prendre part à des commémorations allemandes du souvenir pour les victimes des guerres.

Le président français, qui s’entretiendra dans l’après-midi avec Angela Merkel, juge que des avancées rapides sont nécessaires, après celles enregistrées sur le travail détaché et la défense, pour contrer la force des eurosceptiques à l’approche des élections européennes de mai 2019. Il espère s’accorder avec la chancelière pour tenter de convaincre leurs partenaires européens d’entériner en décembre des mesures pour taxer davantage les grandes entreprises du numérique et approfondir la zone euro.

« Bâtir une Europe beaucoup plus ambitieuse »

Durant ses différentes intervention, Emmanuel Macron a relancé à demi-mot l’idée controversée d’une armée européenne. Si cette idée suscite l’ire du chef de l’Etat américain, Donald Trump, et le scepticisme de l’OTAN, la chancelière allemande la soutient.

Dans la matinée, face à plusieurs dizaines de jeunes réunis dans la capitale allemande, M. Macron a une nouvelle fois délivré son message sur le risque du retour des nationalismes en Europe, au moment où le continent commémore le centenaire de la fin de la première guerre mondiale.

Le risque de l’oubli de l’histoire « c’est de répéter les erreurs du passé », a déclaré le président français, qui s’était récemment inquiété de la similitude de la période avec les années 1930 en Europe. Il a appelé à « aller au contact de la jeunesse pour éviter qu’elle ne dérive, qu’elle ne se sépare, qu’on ne cède aux forces centrifuges » et exhorté à « bâtir une Europe beaucoup plus ambitieuse ».

Défense commune

Dans son discours devant la chambre des députés allemande, Emmanuel Macron a exhorté l’Allemagne à ouvrir avec la France une « nouvelle étape » dans la construction européenne afin d’empêcher le monde de « glisser dans le chaos » et d’y garantir la paix.

« L’Europe, et en son sein le couple franco-allemand, se trouve investie » de l’« obligation de ne pas laisser le monde glisser dans le chaos et de l’accompagner sur le chemin de la paix » et pour cela « l’Europe doit être plus forte, plus souveraine », a déclaré le chef de l’Etat français.

« Notre monde se trouve à la croisée des chemins », a-t-il ajouté, en mettant en garde contre le risque de voir le « nationalisme sans mémoire » et le « fanatisme sans repères » prendre le dessus. « Cette nouvelle responsabilité franco-allemande consiste à doter l’Europe des outils de sa souveraineté », a encore dit le président français, en mentionnant notamment la nécessité de construire une défense commune ou la politique migratoire avec un système d’asile harmonisé.

« Cette nouvelle étape nous fait peur, car chacun devra partager, mettre en commun sa capacité de décision, sa politique étrangère, migratoire ou de développement, une part croissante de son budget et même des ressources fiscales », a ajouté M. Macron, en insistant sur le besoin de faire de l’euro « une monnaie internationale dotée d’un budget ».

« Est-il préférable de rester enfermés dans nos immobilismes ? » a-t-il lancé, dans une critique apparente des hésitations et atermoiements du gouvernement allemand de la chancelière Angela Merkel depuis plus d’un an à l’égard des propositions françaises de relance de l’Europe.

Après la feuille de route commune de réformes rédigée en juin, Emmanuel Macron veut trouver des convergences avec Berlin que le Conseil européen des 13 et 14 décembre avaliserait, avant d’éventuellement aller plus loin après le scrutin européen.

Le ministre allemand des finances, Olaf Scholz, a apaisé lundi une forme d’inquiétude à Paris, en déclarant que l’Allemagne soutenait le modèle français de taxe sur le numérique. Ce soutien est indispensable pour espérer convaincre les pays toujours opposés à une telle taxation, notamment l’Irlande, le Danemark et la Suède.