Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains, et Laurence Trochu, présidente de Sens commun, à Lyon, en juin. / ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Ils sont de retour. Plus d’un an après l’éviction bruyante de son président, Christophe Billan, coupable d’avoir envisagé de travailler main dans la main avec l’ancienne députée frontiste Marion Maréchal, Sens commun renoue avec la lumière médiatique. Le mouvement issu de La Manif pour tous, associé au parti Les Républicains (LR) depuis 2014, organise, dimanche 18 novembre, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), une journée de débats intitulée « La droite que nous voulons est conservatrice ».

Un rendez-vous en forme de séance de rattrapage de la « journée de la France silencieuse » que le mouvement comptait organiser, en octobre 2017, mais qui avait été annulée en raison de la polémique autour de son président. Sens commun compte bien utiliser cette journée à Asnières pour repeindre sa façade et apparaître aux yeux du grand public comme « le mouvement conservateur ».

Malgré les polémiques, le président de LR, Laurent Wauquiez, ne lâche pas ces militants, qui ont joué un rôle dans la victoire de François Fillon à la primaire de la droite en 2016 avant de l’accompagner jusqu’au bout de son chemin de croix présidentiel, l’année suivante. M. Wauquiez est annoncé présent au rendez-vous. Il doit prononcer un discours à l’heure du déjeuner, entre différentes tables rondes, intitulées « famille, éducation et transmission », « la droite peut-elle ne pas être conservatrice ? » ou encore « qu’est-ce qu’une économie conservatrice pour une droite sociale ? »

« Cette journée a pour but de montrer le travail de Sens commun, le travail de leurs élus. Ils ne font pas l’actualité médiatique, ils font simplement leur boulot », avance Laurence Trochu, conseillère départementale des Yvelines et nouvelle présidente de Sens commun. Elle revendique une « base de 9 000 adhérents, pas tous à jour de cotisation ».

Peser sur la ligne de LR

Le retour dans le débat public du mouvement intervient alors que le Parlement devrait se saisir, début 2019, du dossier de l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Cette question agite déjà la droite. Dans une tribune au Monde, le 22 octobre, cinq députés LR se sont déclarés favorables à ce projet. Sens commun a pu être rasséréné en voyant que Laurent Wauquiez et plusieurs autres têtes d’affiche du parti en signaient une autre, le 2 novembre, dans Le Figaro, pour dire leur opposition à la « PMA sans père ». « La PMA, c’est fabriquer des enfants dont on décidera qu’ils n’auront pas accès à leur père biologique », maintient Laurence Trochu.

Mais le mouvement, qui se considère comme un parti politique en tant que tel, ne veut pas se cantonner aux sujets sociétaux. Economie, éducation, territoires, écologie… Sens commun entend peser sur la ligne de LR et ambitionne de placer des candidats en positions éligibles sur la liste du parti aux élections européennes de mai 2019. Ce qui ne manque pas d’agacer au sein de la droite.

« Il faut que l’on s’organise sans ces chapelles qui viennent de l’extérieur. Ce n’est pas Sens commun qui doit construire la ligne politique de LR, c’est LR qui doit construire sa propre ligne politique », estime ainsi Aurélien Pradié, député LR du Lot.

Quant aux rapports avec l’extrême droite, la nouvelle direction de Sens commun veut éviter toute nouvelle sortie de route malencontreuse. « Marion Maréchal n’est plus en politique », élude Laurence Trochu au moment de donner sa vision de la jeune femme. Quid de l’union des droites, prônée notamment par le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan ? « Cela se définit sur quelle base ? Je ne vois pas les idées communes à toutes ces personnes », assure-t-elle. Gare à ne pas remettre le feu à la plaine.