Les chefs d’Etat et de gouvernement présents au onzième sommet extraordinaire de l’Union africaine, à Addis-Abeba, le 17 novembre 2018. / MONIRUL BHUIYAN / AFP

L’Union africaine (UA) a adopté, dimanche 18 novembre, des réformes visant à rationaliser l’organisation continentale et à obliger les Etats membres à respecter leurs obligations financières. Le président en exercice de l’UA, le dirigeant rwandais Paul Kagame, a salué les progrès réalisés lors du sommet extraordinaire qui s’est tenu ce week-end au siège de l’organisation, à Addis-Abeba, malgré le fait que certaines de ses propositions aient été rejetées.

« Aujourd’hui, nous avons lancé la Commission de l’UA sur une trajectoire plus performante, avec des effets bénéfiques qui se feront sentir pendant des décennies », a déclaré M. Kagame, dont le mandat de président de l’UA expire début 2019. « Nous avons fait notre part du travail pour poursuivre le voyage et je m’attends à ce que le prochain […] président de l’UA poursuive sur la même lancée et avec les mêmes progrès », a-t-il ajouté à la clôture du onzième sommet extraordinaire de l’UA.

En 2016, l’UA avait chargé M. Kagame de remanier l’organisation continentale, souvent considérée comme inefficace et trop dépendante des donateurs. Il avait dévoilé ses propositions l’année suivante. Le sommet du week-end représentait, selon des observateurs, la dernière chance pour M. Kagame de faire adopter des mesures fortes avant qu’il ne passe le relais au président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, moins enclin aux réformes.

De huit à six commissions

Malgré des avancées, la majorité des 55 Etats membres ont rejeté le projet de M. Kagame de donner au chef de la Commission de l’UA le pouvoir de nommer ses propres adjoints et commissaires. Cela était considéré comme une mesure visant à rendre l’administration plus responsable devant son chef.

Le sommet a toutefois soutenu les mesures visant à rationaliser l’organisation panafricaine tout en générant des recettes auprès des Etats membres et en sanctionnant ceux qui ne versent pas leurs contributions. L’UA dépend actuellement des donateurs étrangers, qui, en 2019, paieront 54 % d’un budget total de 681,5 millions de dollars (596 millions d’euros).

L’UA a également accepté de réduire le nombre de ses commissions de huit à six, la paix et la sécurité fusionnant avec les affaires politiques et le commerce, et l’industrie fusionnant avec les affaires économiques, a déclaré le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, aux journalistes.

Taxe sur les importations

Samedi, l’UA a lancé un fonds destiné à financer les réponses aux crises sur le continent avant qu’elles ne dégénèrent en conflits ouverts. Ce fonds devrait être doté à terme de 400 millions de dollars, mais seuls 60 millions ont été recueillis jusqu’à présent auprès de pays africains. Le Fonds pour la paix fait partie des propositions visant à sevrer l’UA de l’argent des donateurs étrangers, avec pour pièce maîtresse une taxe sur les importations de 0,2 % que 24 pays sont en train de mettre en place.

Les Etats-Unis ont critiqué ce projet, arguant qu’il viole les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La mission américaine auprès de l’UA a publié une déclaration affirmant qu’elle soutenait les objectifs d’autofinancement mais s’opposait aux « mesures commerciales » pour les atteindre. « Nous sommes fiers de notre partenariat avec l’UA et nous continuerons à travailler avec l’UA […] pour trouver des moyens efficaces d’apporter la paix et la sécurité au continent », a-t-elle déclaré dans un communiqué à l’AFP.