La procédure pour compromission du secret de la défense nationale, ouverte contre deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, a été classée sans suite le 2 octobre 2018, a-t-on appris lundi 19 novembre. Le parquet de Paris a estimé qu’un rappel à la loi, par courrier, devait être signifié aux deux journalistes pour avoir diffusé dans le journal du 24 août 2016 un document détaillant un plan d’attaque de la Syrie, par l’aviation française, jamais mis à exécution.

Dans un article intitulé « Le jour où… Obama a laissé tomber Hollande », les deux auteurs décrivaient par le menu la préparation, en août 2013, d’un bombardement de bases militaires du régime de Bachar Al-Assad, en rétorsion des attaques chimiques du président syrien. Le « vade-mecum » des frappes, avec le timing précis de l’opération, estampillé « confidentiel défense », était notamment reproduit. Cette attaque n’avait jamais eu lieu, le président français ayant échoué à obtenir le soutien de son homologue américain.

François Hollande à l’origine de la fuite

Dans le courrier adressé à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, François Molins, le désormais ex-procureur de la République de Paris, estime que l’enquête menée par la Direction générale de la sécurité intérieure a « permis de caractériser une compromission du secret de la défense nationale » et attire l’attention des journalistes sur le « nécessaire respect des règles de protection des informations classifiées ».

Les informations provenaient de l’une des nombreuses rencontres entre les deux journalistes et François Hollande au cours du quinquennat, pour la réalisation du livre Un président ne devrait pas dire ça (Stock). Le député Les Républicains, Eric Ciotti, avait saisi le parquet de Paris suite à la parution de l’article, dénonçant « une compromission flagrante et dangereuse du secret nécessaire à notre sécurité et à notre souveraineté ». François Hollande, couvert par l’immunité présidentielle pour toutes ses actions en tant que chef de l’Etat, n’a pas été inquiété dans la procédure.

Le ministre de la défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, avait minimisé cette fuite : « De quoi s’agit-il ? De la publication dans un journal du soir d’éléments (…) sur des événements qui remontent à trois ans et en plus sur une opération qui n’a pas eu lieu ? » Aucune poursuite pénale n’a donc été engagée dans ce dossier.