A Palma de Majorque, en juillet. / PAUL HANNA / REUTERS

Les unes planent toujours plus haut, les autres piquent du nez. La publication, mardi 20 novembre, des résultats annuels d’easyJet a illustré le grand écart entre les compagnies low cost moyen-courriers et les petites nouvelles, qui tentent de se faire une place dans le secteur du long-courrier à bas coûts.

Selon les chiffres, publiés par la compagnie britannique, easyJet mène grand train. Lors de son exercice 2017-2018, elle a engrangé un bénéfice de 358 millions de livres, soit 400 millions d’euros, en hausse de près de 17 %. Une bonne fortune portée par la progression de 10,2 %, d’une année sur l’autre, du nombre de passagers transportés, qui s’est établi à 85 millions. Une performance qui se retrouve dans le taux de remplissage de 92,9 % (+ 0,3 %) des avions de la compagnie à la livrée orange. Au total, le chiffre d’affaires du transporteur low cost britannique s’est élevé à 6,6 milliards d’euros, en hausse de près de 17 %.

Cette santé insolente ne doit rien au hasard. Pour gonfler encore plus ses revenus, la compagnie a tablé sur son habituel cocktail à succès : une billetterie en croissance et des revenus annexes (choix du siège, bagages supplémentaires, alimentation à bord) en progrès constant. la compagnie à bas coûts a aussi su échapper aux mouvements sociaux, qui ont affecté l’activité de sa grande rivale Ryanair.

Les ratés de Ryanair

Confrontée à des grèves de ses pilotes et de ses personnels de cabine, cette dernière a dû annuler des milliers de vols et rembourser plusieurs millions d’euros à ses passagers. Outre les ratés de Ryanair, easyJet a su aussi tirer, ces derniers mois, profit de la disparition de deux concurrentes, la britannique Monarch Airlines et l’allemande Air Berlin. Grâce à la faillite de cette dernière, easyJet a pu mettre le pied en Allemagne et étoffer sa flotte, avec la reprise de 25 appareils et environ un millier de salariés de l’ex-compagnie.

Les poches pleines, easyJet a pu confirmer une commande pour dix-sept Airbus A320neo, d’une valeur, prix catalogue, de 1,9 milliard de dollars (environ 1,66 milliard d’euros). Elle est même assez riche pour avoir déposé une des trois offres de reprise d’Alitalia, la compagnie italienne en grande difficulté.

Les compagnies low cost long-courriers souffrent

Surtout, easyJet veut poursuivre son expansion en Europe, et principalement en France. De fait, l’Hexagone est le principal relais de croissance de la compagnie britannique. « Nous y avons conforté notre position de deuxième compagnie, derrière Air France, avec 15,6 % de parts de marché et 40 % du marché du low cost, loin devant Ryanair, Transavia et les autres », s’est félicité François Bacchetta, directeur général France d’easyJet. Preuve de cette vitalité, la compagnie compte ouvrir, au printemps, une septième base à Nantes.

Pendant qu’easyJet gonfle son bas de laine, ce sont les compagnies low cost long-courriers qui souffrent. Ce nouveau segment du marché connaît même un début d’hécatombe. Presque coup sur coup, deux des fleurons du long-courrier à bas coûts ont fait faillite.

En octobre, la compagnie danoise Primera Air, a, du jour au lendemain, mis un coup d’arrêt définitif pour une dépense imprévue d’une trentaine de millions d’euros. Quelques semaines plus tard, au début de novembre, c’est sa rivale islandaise WOW Air qui a, à son tour, rendu les armes, en se faisant racheter par sa compatriote Icelandair.

La pionnière Norwegian en souffrance

Enfin, c’est la pionnière du genre, Norwegian, qui paraît souffrir d’une santé plus que chancelante. La low cost long-courrier norvégienne a dû annoncer la revente de la moitié des avions qu’elle avait commandés pour se développer. Affectée par plus de 2 milliards d’euros de dettes, la compagnie a, en outre, vu sa facture de carburant augmenter dangereusement ces derniers mois.

Quelques années après son lancement, en Europe, le long-courrier à bas coût n’a toujours pas fait la preuve de la solidité de son modèle économique. Preuve de cette incertitude, les Ryanair et autres easyJet, qui possèdent pourtant tout le savoir-faire pour se lancer, se sont pour l’instant toujours refusés à s’y aventurer.

Au contraire, easyJet veut renforcer son début d’alliance commerciale, à Londres, avec la compagnie de Dubaï, Emirates. Les passagers de la compagnie du Golfe pourront acheter leur billet pour poursuivre leurs vols sur les destinations moyen-courriers d’easyJet en Europe. La compagnie britannique à bas coûts pourrait renouveler cette opération, mais, cette fois, au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle.