Saisie de faux médicaments à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 3 mai 2017. / ISSOUF SANOGO / AFP

La cour d’appel de Cotonou, au Bénin, a réduit les peines de prison de cinq responsables d’importantes compagnies pharmaceutiques locales condamnés dans le cadre de la lutte contre les faux médicaments, a confirmé, jeudi 22 novembre, une source judiciaire.

Condamnés en première instance à quatre ans de prison ferme, les responsables des sociétés Gapob, Ubipharm, CAME, Ubephar et Promo Pharma ont vu leur peine réduite à dix-huit mois ferme et le reste avec sursis. Ils devront également payer « 10 millions de francs CFA d’amende [15 300 euros] et une somme de 100 millions de francs CFA à titre de dommages et intérêts à verser solidairement à l’Etat », a rapporté l’un de leurs avocats, Max d’Almeida.

La cour d’appel de Cotonou avait procédé à la réouverture du procès, le 7 novembre, avant de rendre son verdict le 21 novembre dans la soirée. « Je ne peux pas être satisfait puisque toute la défense a plaidé la relaxe pure et simple de nos clients. Les faits qui leur sont reprochés ne sont nullement constitués », a déclaré Me d’Almeida. Le juge d’appel a constaté que le parquet ne pouvait prouver de manière claire la détention et la vente de médicaments falsifiés, mais a retenu le « délit de complicité d’exercice illégale de pharmacie ».

Un député condamné

Cette nouvelle condamnation rendue en appel ne satisfait pas tous les pharmaciens. Arthur Gonçalves, ancien membre de l’ordre des pharmaciens et figure de proue de la lutte contre les faux médicaments, a confié à l’AFP que « personne n’est satisfait » de ce verdict. Début novembre, c’est un député, Mohamed Atao Hinnouho, qui a été condamné à six ans de prison ferme et plusieurs milliards de francs CFA d’amende pour avoir importé de manière frauduleuse des médicaments.

Le Bénin a la réputation d’être la plaque tournante du commerce illicite des médicaments en Afrique de l’Ouest, les faux médicaments circulant notamment à travers le port de Cotonou pour les marchés béninois et nigérian (190 millions d’habitants). Le gouvernement de Patrice Talon, élu en 2016, a décidé de combattre ce fléau, qui tue près de 100 000 personnes chaque année en Afrique subsaharienne, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).