Une « Foire aux problèmes » organisée par le mouvement Y en a marre, à Dakar, en janvier 2012. / SEYLLOU / AFP

Des ONG ont dénoncé, mercredi 21 novembre, une volonté des autorités sénégalaises d’« affaiblir la société civile » à l’approche de l’élection présidentielle, après le retrait de l’agrément e l’une d’entre elles, accusée d’avoir financé de manière illicite le mouvement citoyen Y en a marre.

Le 16 novembre, l’ONG Lead Afrique francophone, dont l’objectif est de « développer en Afrique un leadership sensible au développement durable » et qui est partenaire de Y en a marre, s’est vu retirer son agrément et ordonner la cessation immédiate de ses activités au Sénégal. Le ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a justifié cette interdiction en accusant Y en a marre d’avoir reçu des financements illégaux, selon la presse locale.

« L’Etat du Sénégal cherche à savoir la source de certains financements, leur montant et leur destination, a précisé auprès de l’Agence France-Presse une source proche du ministère de l’intérieur. Il faut qu’ils rendent eux aussi des comptes et nous disent de quoi ils vivent en passant leur temps à insulter les gens matin et soir et en ne travaillant pas. »

« Protéger l’espace civique »

Pour le coordinateur de Y en a marre, Fadel Barro, en s’en prenant à son mouvement et à ses partenaires, l’Etat veut « affaiblir la société civile », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse mercredi soir à Dakar. « L’enjeu est que la société civile, qui est équidistante des organisations politiques, joue son rôle pendant les élections », a-t-il dit, alors que le premier tour de la présidentielle, pour laquelle le président, Macky Sall, devrait briguer un second mandat, est prévu le 24 février.

« Nous ne finançons pas Y en a marre. Nous n’avons jamais financé Y en a marre. Nous l’accompagnons dans l’exécution d’activités », a pour sa part assuré Moussa Mbaye Gueye, le représentant de Lead. Mouvement citoyen, Y en a marre était à la pointe du combat contre un troisième mandat du président Wade (2000-2012). Il a depuis pris part à des manifestations contre une nouvelle loi électorale qu’a fait adopter son successeur, Macky Sall, ou pour réclamer la fin du franc CFA.

Les associations sont des « organisations déterminées à protéger l’espace civique », a souligné devant la presse Sadikh Niass, responsable de l’organisation Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho).