Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, à Kinshasa, le 30 septembre 2018. / JOHN WESSELS / AFP

Le président congolais Joseph Kabila, qui doit quitter le pouvoir après les élections du 23 décembre en République démocratique du Congo, s’est affiché jeudi 22 novembre avec son candidat Emmanuel Ramazani Shadary, dès le premier jour d’une campagne suivie de près par l’ONU, l’Union européenne et les Etats-Unis.

M. Kabila, 47 ans dont 18 au pouvoir, a invité son « dauphin » Ramazani Shadary et les cadres de sa machine de guerre électorale du Front commun pour le Congo (FCC) dans sa résidence de Kingakati, sur les plateaux Bateke au milieu d’un parc naturel à 60 km à l’est de Kinshasa. Détendu, souriant et peu bavard comme à son habitude, M. Kabila a indiqué à la presse qu’il s’exprimerait « pourquoi pas » vendredi, à l’issue de cette brève réunion d’une trentaine de minutes.

« Le président Kabila est disponible pour aider notre candidat puisqu’il est l’autorité morale du Front commun pour le Congo », a détaillé le porte-parole du FCC, Lambert Mende, qui est aussi la voix du gouvernement et le ministre de la communication. M. Mende a ajouté que cette coalition électorale présidentielle abordait les trois scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux avec « humilité ».

« Un poids mouche »

« Nous sommes combatifs et décomplexés. Nous sommes sûrs que nous allons gagner. Dans quelles proportions ? Cela dépend du peuple. Mais gagner, nous sommes sûrs. Il n’y a qu’à voir nos adversaires », a-t-il poursuivi. « Je pense que c’est un poids mouche », a ajouté M. Mende interrogé sur le « candidat commun » d’une partie de l’opposition Martin Fayulu, accueilli par des milliers de supporteurs la veille à Kinshasa à son retour d’Europe.

Un autre opposant candidat, Félix Tshisekedi, attendu samedi à Kinshasa, ne va rentrer que mardi, a indiqué un membre de son entourage : « Il a encore une réunion très importante » à l’étranger, en Afrique.

M. Tshisekedi pourrait constituer un ticket avec l’ex-président de l’Assemblée, Vital Kamerhe. Tous deux se sont retirés dans les 24 heures d’un accord signé à Genève entre sept opposants qui désignait Martin Fayulu, « candidat commun de l’opposition ».

Le « dauphin » Ramazani Shadary pourrait commencer par Kinshasa et Lubumbashi, selon une source proche du chef de l’Etat. Il est interdit aux candidats de « tenir des propos injurieux ou diffamatoires (…) susceptibles d’inciter au mépris envers les tiers, à la haine, au racisme, au tribalisme », a rappelé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans un communiqué annonçant le lancement de la campagne jusqu’au 21 décembre.

Respecter les critères de transparence

La campagne intéresse bien au-delà des frontières de cet immense pays clé pour l’avenir de l’Afrique. Les Nations unies, les Etats-Unis et l’Union européenne ont souhaité des « élections crédibles » permettant une première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire congolaise. Les quinze membres du Conseil de sécurité des Nations unies « ont demandé instamment » à tous les candidats d’éviter les « provocations » et les « discours violents ».

Kinshasa refuse toute aide financière et logistique. Les autorités prétendent déployer seules les « machines à voter » dans tous les bureaux de vote de cet immense pays (2,3 millions de km2). « L’Union européenne suivra attentivement le déroulement des élections en RDC », a prévenu la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini jeudi soir. « Le gouvernement et la CENI ont une responsabilité majeure pour l’avenir du pays. Ils doivent œuvrer à la bonne tenue des élections en respectant la date prévue et les critères de transparence », a jouté la haute représentante de l’Union européenne. Les élections ont été deux fois reportées depuis la fin du deuxième et dernier quinquennat constitutionnel du président Kabila en décembre 2016.