Une Hondurienne tenant sa fille dans ses bras fait face aux forces de l’ordre mexicaine, en tentant de passer la frontière au point de passage de Chaparral, au Mexique, le 22 novembre. / Rodrigo Abd / AP

La tension s’est accentuée jeudi 22 novembre à Tijuana, au nord-ouest du Mexique, où plusieurs centaines de migrants de la caravane ont manifesté près du poste-frontière avec les Etats-Unis, alors que les forces armées américaines s’entraînaient pour repousser une éventuelle entrée en force.

Les migrants, en majorité des hommes, mais aussi des femmes accompagnées d’enfants en bas âge, ont quitté à la mi-journée le refuge mis à leur disposition par les autorités locales pour se diriger vers le pont El Chaparral, situé à proximité du point d’entrée vers la Californie.

Le passage entre les deux pays a été fermé durant quinze minutes alors que l’armée américaine réalisait un « exercice à grande échelle de rapidité opérationnelle » impliquant des hélicoptères et plusieurs centaines de soldats et policiers, selon l’office américain des douanes et de protection de la frontière.

Menace de fermeture

Le président américain Donald Trump a de nouveau menacé jeudi de fermer « toute la frontière » entre les Etats-Unis et le Mexique, y compris aux échanges commerciaux, si la situation devait dégénérer face à l’arrivée de milliers de migrants d’Amérique centrale.

Un agent du groupe Beta, qui réunit des fonctionnaires et des volontaires du gouvernement mexicain pour porter assistance aux migrants, a tenté de raisonner les manifestants en leur rappelant qu’il était nécessaire de s’inscrire sur une liste d’attente pour déposer une demande d’asile aux Etats-Unis.

« Qu’ils nous laissent passer, nous sommes désespérés, nous avons laissé nos familles au Honduras. Nous devons commencer à travailler », a répondu un migrant identifié comme Wilson. L’attente pour l’étude des dossiers de demande d’asile peut prendre plus d’une année.

L’agent a par ailleurs rappelé quels étaient les bénéfices que les migrants pourraient tirer en demandant l’asile au Mexique. « Il y a un bureau où on vous propose du travail, il y a du travail en ville (...) Nous voulons que vous puissiez gagner (un peu d’argent) avant d’aller aux Etats-Unis. Il faut attendre votre tour », a-t-il exhorté.

9 000 militaires déployés

Un homme qui s’est présenté comme un défenseur des droits de l’homme a également tenté de dissuader les migrants de poursuivre leur route. « C’est une bonne offre, vous devez la prendre en compte car vous pourrez ainsi obtenir la régularisation » au Mexique, a-t-il expliqué. « Non, nous ne voulons pas ! », ont crié les migrants avant de reprendre leur marche.

Environ 9 000 militaires américains ont été déployés à la frontière avec le Mexique. Quelque 4 500 migrants de la caravane, pour la plupart des Honduriens, sont actuellement hébergés à Tijuana, où les refuges sont arrivés à saturation et certains campements improvisés ont commencé à apparaître aux alentours. Dans tout l’Etat de Basse-Californie, où se situe Tijuana, on dénombre actuellement 6 000 migrants, selon les autorités locales.

Les migrants de ce vaste cortège ont quitté le Honduras le 13 octobre, fuyant la violence et la pauvreté, et parcouru plus de 4 000 kilomètres en un peu plus d’un mois.

Une partie de la « caravane » de migrants est arrivée à la frontière avec les Etats-Unis
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