Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, le 24 novembre à Madrid. / STRINGER / AFP

Le dernier obstacle à la conclusion d’un accord entre Londres et les 27 pays de l’Union européenne sur le Brexit a été levé. Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé samedi 24 novembre que l’Espagne avait obtenu « un accord sur Gibraltar », territoire britannique situé à l’extrême sud de la péninsule ibérique, qui en revendique la souveraineté.

« L’Espagne a levé son veto et votera en faveur du Brexit », a annoncé dans la foulée le chef du gouvernement espagnol, dans une déclaration en direct à la télévision, alors qu’un sommet européen doit se tenir dimanche à Bruxelles pour ratifier le projet d’accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Après d’intenses négociations entre les deux pays et Bruxelles, le gouvernement britannique s’est dit samedi favorable à des discussions avec l’Espagne au sujet de Gibraltar après le Brexit. « Concernant les négociations du retrait, compte tenu de certaines circonstances propres à Gibraltar, nous avons eu des discussions avec l’Espagne impliquant directement le gouvernement de Gibraltar, a fait savoir un porte-parole de la première ministre britannique, Theresa May, dans un communiqué. Celles-ci étaient constructives, et nous sommes impatients d’adopter la même approche pour les relations futures. »

Menace d’un veto

Ces derniers jours, Madrid menaçait de mettre son veto à l’accord sur le Brexit, faisant planer le doute sur la tenue du sommet européen prévu dimanche. Le gouvernement espagnol exigeait d’obtenir noir sur blanc un droit de veto à l’application de tout accord futur entre l’UE et Londres à Gibraltar.

« S’il n’y a pas d’accord [à propos du territoire], il est clair que ce qui va se passer, c’est que le Conseil européen ne se tiendra très probablement pas », avait menacé vendredi le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, jugeant que les « garanties ne sont pas encore suffisantes » et qu’en conséquence l’Espagne « maintient son veto à l’accord sur le Brexit ».

Au-delà des calculs politiques, à une semaine des élections régionales andalouses, la fermeté du gouvernement espagnol sur la question de Gibraltar fait rejaillir des souvenirs mal digérés. Plus de trente ans après son adhésion à la Communauté économique européenne, en 1986, alors conditionnée par le Royaume-Uni, l’Espagne a souhaité prendre une revanche grâce au Brexit. Madrid n’a jamais renoncé officiellement à ses revendications historiques sur Gibraltar, colonie britannique de moins de 7 km2, cédée en 1713 par le traité d’Utrecht, qu’elle considère comme un paradis fiscal.

Pour autant, l’Espagne ne prétend pas récupérer la souveraineté sur Gibraltar. D’autant que les habitants du « Rocher » ont déjà voté par référendum sur la possibilité d’établir une cosouveraineté espagnole et britannique en 2002. Ils l’ont rejetée à plus de 98 %. En 2016, Gibraltar, qui n’a pas de doutes des bénéfices qu’elle tire de son appartenance à l’UE, avait voté presque unanimement contre le Brexit : à 96 %.