La manifestation des « gilets jaunes » à Paris, samedi 24 novembre, a donné lieu à 103 interpellations, selon un nouveau bilan de la Préfecture de police dimanche, précisant que 101 personnes ont été placées en garde à vue. Ce rassemblement parisien sur l’avenue des Champs-Elysées, en partie interdite à toute manifestation, a été marqué par des heurts jusqu’en début de soirée.

Jets de projectiles, feux de barricades de barrières de chantiers : des manifestants se sont opposés aux forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et des lances à eau. Des pompiers sont intervenus pour éteindre des feux de barricades, qui dégageaient d’épaisses fumées noires, s’ajoutant au brouillard blanc des gaz lacrymogènes. Les violences ont fait vingt-quatre blessés, dont cinq du côté des forces de l’ordre, selon la préfecture.

Dimanche matin, une pelleteuse enlevait l’une des dernières barricades jonchant la chaussée, tandis que plusieurs camions de la propreté de la capitale nettoyaient l’avenue. Des parois d’abris bus et plusieurs vitrines de commerçants ont été brisées. Dans un restaurant, du personnel s’affairait à remplacer des fenêtres cassées par des panneaux de bois, tandis que d’autres nettoyaient ou remettaient en ordre leurs terrasses.

« Séditieux » de l’ultradroite 

A Paris, « les dégâts sont faibles, ils sont matériels, c’est l’essentiel », avait estimé samedi le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Il avait attribué les violences à des « séditieux » de l’ultradroite, répondant selon lui à l’appel de Marine Le Pen – ce que la présidente du Rassemblement national a rejeté catégoriquement.

« Fort affaiblissement de la mobilisation »

Les chiffres de la participation avancés par le ministère de l’intérieur sont pour le moins précis : 106 301 « gilets jaunes » ont été recensés samedi à 17 heures dans toute la France, dont 8 000 à Paris, selon lui. Samedi dernier à la même heure, il avait recensé beaucoup plus de monde : 282 710 manifestants au total. Le ministère évoque ainsi un « fort affaiblissement de la mobilisation ».

Dans le reste du pays, des actions étaient encore observées dimanche dans le Var, sur des ronds-points et au péage de Saint-Maximin, sur l’autoroute A8. Dans le Vaucluse, plusieurs sorties et entrées d’autoroute à Avignon étaient fermées ou faisaient l’objet de barrages filtrants.

Côté réseau routier, en début de matinée, un noyau dur de « gilets jaunes » tenait toujours sur l’A10, sous le contrôle de la gendarmerie. Le péage de Virsac, saccagé dans la semaine, restait fermé à la circulation dans les deux sens. Autre point chaud de la contestation girondine, l’A63 à Canéjan était aussi fermée mais seulement dans le sens Bayonne-Bordeaux.

A La Réunion, le couvre-feu décrété mardi a été levé dimanche par la préfecture, soulignant « l’évolution favorable » de la situation, en dépit d’une douzaine de barrages maintenus. L’île avait été secouée par une flambée de violences en marge du mouvement quelques jours plus tôt.