Illustration d’artiste représentant la sonde InSight « travaillant » sur la planète Mars. / AP

Sept ans de travail, sept mois de voyage dans l’espace et sept minutes d’angoisse. La sonde américaine InSight va enfin toucher, lundi 26 novembre dans la soirée (heure française), la surface de la planète Mars à l’issue d’une descente à haut risque. Les ingénieurs de la NASA qui suivent l’opération depuis la Terre ne peuvent rien faire d’autre que croiser les doigts : de l’entrée dans l’atmosphère martienne et ses tempêtes de poussière jusqu’au contact des pieds avec la roche, tout a été préprogrammé plusieurs heures à l’avance.

Plus cruel encore, le signal libérateur indiquant qu’InSight est sain et sauf va mettre huit minutes à parvenir au centre de contrôle de la mission, situé au Jet Propulsion Laboratory (JPL), à Pasadena (Californie). « Avec Mars, rien n’est jamais acquis. Mars est difficile », résumait encore dimanche Thomas Zurbuchen, chef du directorat scientifique de la NASA, l’agence spatiale américaine qui a approuvé cette mission de près de 1 milliard de dollars qui doit étudier les entrailles de la Planète rouge.

InSight – acronyme d’Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transfer – est un atterrisseur, c’est-à-dire une plate-forme immobile d’instruments scientifiques. C’est la première fois depuis 2012 qu’un engin tente de se poser sur Mars, depuis le véhicule Curiosity de la NASA, le seul encore actif sur cette planète voisine de notre Terre. Seuls les Etats-Unis ont réussi à y poser des robots. L’URSS a écrasé plusieurs atterrisseurs, tout comme les Européens, tout récemment en 2016.

« C’est comme marquer un but à 130 000 km de distance »

InSight doit aborder l’atmosphère de Mars à 11 h 47, heure de Californie (20 h 47, heure de Paris), de manière très oblique pour éviter de voler en éclats. Le seul frottement de l’atmosphère fera monter la température rapidement à 1 500 °C, mais elle n’aura rien à craindre, bien à l’abri d’un bouclier thermique renforcé.

La sonde se déplacera alors à environ 20 000 km/h, soit trois à quatre fois plus qu’une balle de fusil, et devra viser un rectangle de 10 km sur 24 km. Rapporté à son point de départ sur Terre, à 480 millions de kilomètres de là, « c’est comme marquer un but à 130 000 km de distance », explique la NASA. Quatre minutes et une centaine de kilomètres plus bas, un parachute s’ouvrira automatiquement, freinant brutalement la descente. Puis, une fois largué le bouclier thermique, l’atterrisseur déploiera ses trois jambes et le parachute se détachera. « Nous serons en chute libre pendant un bref instant, ce qui est une pensée absolument terrifiante pour moi », a confié Tom Hoffman, chef du projet InSight pour la NASA.

La sonde allumera bien vite ses douze rétrofusées qui ralentiront à environ 8 km/h la descente de l’engin, qui ne pèsera alors plus que 365 kg. Près de sept minutes après son premier contact avec l’atmosphère, InSight devrait enfin « amarsir ».

Durant tout ce laps de temps, surnommé « les sept minutes de terreur » par certains, rien ni personne ne pourra venir en aide à InSight pour corriger une trajectoire ou remédier à une défaillance. InSight déploiera alors lentement ses panneaux solaires qui alimenteront ses instruments. Car un programme de travail chargé attend la sonde.

Elle doit écouter et scruter l’intérieur de Mars pour tenter de percer les mystères de sa formation, voici des milliards d’années. Des connaissances qui permettront dans un second temps de mieux comprendre la formation de la Terre, la seule planète rocheuse dont nous avons réellement étudié l’intérieur jusqu’à présent.

Lire notre article sur le lancement de la mission, en mai : InSight part sonder les entrailles de Mars

Pourquoi est-il si difficile de se poser du Mars ?
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